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Évidence (incarnation)

Étienne Parizot
Physicien & poète

" Dans les amphores entrouvertes
de l'ignorance
Je demeurais comme un silence
à demi perpétré "

Ainsi la négation s'affirme ! De vie, de souffle, de conscience; d'âme, d'esprit, de sens ; de joie, d'harmonie, de bonté ; de transcendance... point ! La vie et la conscience en l'univers sont un accident du hasard survenu sans attente, de la succession mécanique d'états indifférents de la matière, équivalents d'insignifiance. Et la matière même est là posée, jetée au monde -- comme si le monde allait de soi, de soi à rien et de rien à n'importe quoi -- advenue de la contingence, ininterrogeable.

Ainsi la négation s'affirme, et le nier n'y changera rien (!). Les coeurs perdus ne battent plus mais se débattent, et les voix privées d'harmonie déchantent.

À cette négation répond une autre aussi stérile : la négation de la négation. Les passions sont également vives, dressées dans la fièvre éperdue, à nier le sensible, la chair, le concret, la matière, l'objectif, la forme. À ces revendications sûres d'elles-mêmes, le matérialiste exclusif répond souvent par un poing-dans-la-gueule censé, en prouvant la matière, prouver l'absence d'immatériel.

Dans cet affrontement des négations, il semble en effet que la matière l'emporte, le lourd sur le léger, le dense sur le subtil. Peut-être aussi en raison de l'incapacité des "spirituels" à être à la hauteur de leur prétention, et à répondre à leur tour par l'idée qui "frappe", qui coupe le souffle, qui époustoufle l'âme en la présence de l'infini, la plénitude indivise du vide, l'évidence transcendantale...

Oui la négation s'affirme. Ces discours inanimés sur le monde, asubstanciés, déserts, qui ne les a pas maintes fois entendus ? Et... qui ne les a pas prononcés ? Qui jettera la première pierre ? (Peut-être le vide à lui-même, mais si c'est vide, il n'y a pas même de pierre à jeter) et d'ailleurs, rien dans le vide ne tombe... ni ne blesse). Mais est-il simplement possible de sortir du discours dialectique ?

L'évidence nous apprend en effet que "celui qui parle ne sait pas, et celui qui sait ne parle pas". Alors que dire ? Et que faire devant la négation même de ce que l'on est, devant le NON au OUI qui s'harmonise en nous, qui nous emplit l'âme et lui prête sa substance éternelle et pure ? Que faire devant le NON au OUI qui s'offre à lui-même en notre conscience, se voile et se dévoile pour se révéler à nouveau dans l'amour d'Être et d'être Amour ?

Que faire devant une position qui ne tient pas, qui ne peut pas tenir et qui disparaît avant même de se mettre à l'épreuve des faits, au coeur de l'Être -- désintégrée dans l'aporie d'elle-même, évanouie dans cet éclair tranchant qu'ailleurs l'on nomme auto-contradiction, mais qui là ne doit rien à la raison ?

Dût-elle durer le temps des vies qui restent aux Terriens, le temps que Terre encore se laisse habiter, le temps que Soleil et que Galaxie s'éteignent, cette position, cette jamais-idée s'effondrera, se rendra à sa propre absence, et Vérité -- qui, que, quoi d'autre ? -- paraîtra dans sa toge de connaissance, et sera dans l'Être comme n'a cessé d'être.

Étrange condition, donc, que celle qui nous étreint ici-bas : devant l'évidence de l'Être, ne pas redouter un seul instant que ce qui est ne soit plus (!), mais dans le même temps désirer ardemment que l'Humanité se lève et que la conscience se manifeste, que l'individu se connaisse universellement et que l'Être s'affirme.

Et affirmer, c'est témoigner.

Je suis frappé par l'effort gigantesque qui fut consenti par une chaîne ininterrompue de penseurs à travers les siècles, dans le but de convaincre le profane de l'existence d'une transcendance universelle, d'un niveau de conscience et de perception du monde où chaque chose trouve un sens naturel et harmonieux, immédiat. Tant que l'on reste du côté de l'argumentation, de la démonstration, on ne s'approche qu'avec difficulté du constat de l'inaccessible absurdité du non-sens, de l'indénombrable improbabilité du non-être.

Cela évoque immanquablement pour moi la situation particulière de la vitesse de la lumière en physique -- cette limite indépassable vers laquelle on peut tendre, mais qu'on ne peut jamais atteindre tout à fait. Pour toute particule massive, aussi petite soit sa masse, atteindre la vitesse de la lumière est en effet rigoureusement impossible, car cela nécessiterait un apport d'énergie, un effort infinis (au sens strict). Plus on s'approche de la limite, plus la progression devient difficile, demande de l'effort, au point que l'on ne peut pas même amorcer le dernier pas.

Pourtant, pensez-vous que la vitesse de la lumière soit comme un absolu mythique, inaccessible, un état hypothétique à propos duquel on ne puisse que discourir de façon creuse ?

Certes non ! Car la transfiguration en lumière permet d'atteindre sans le moindre effort cet étrange absolu. C'est même alors inévitable ! En effet, une particule sans masse (comme le photon) ne peut justement se déplacer qu'à la vitesse de la lumière...

Faudra-t-il en tirer la leçon et se souvenir que pour atteindre une position rigoureusement inaccessible au sein d'un cadre donné, il peut être avantageux de changer de point de vue -- en l'occurrence, d'abandonner la masse, ou pour le dire autrement, de lâcher la pesanteur ?

Ainsi, revenant à la question de l'Être et du sens, je ne peux que constater l'immense labeur et la grand-peine intellectuelle que représentent l'argumentation et l'accumulation de preuves permettant au discours d'approcher infiniment près de la conclusion, mais sans jamais l'atteindre -- ce qui rend absolument vain l'ensemble de la tentative.

Et pourtant, changeant de point de vue, la présence de l'Être et de la conscience apparaît comme une évidence instantanée, dans tout son éclat, dans toute sa candeur. Elle s'impose ; elle ne se pose pas, elle est là, déjà, bien avant que l'on y parvienne. C'est la réponse qui précède ici la question, avec une éternité d'avance. Une éternité temporelle d'avance, résultant d'une infime, d'une infinitésimale antériorité ontologique.

Voilà sans doute ce qu'il faut entendre par Affirmation, face à l'insoluble affrontement des négations dont l'objet est toujours, en dernier recours, la déstructuration d'un néant inexistant. Affirmer, c'est se placer du point de vue de l'Être et dire simplement l'évidence qu'on y contemple.

N'est-ce pas l'essence même de la poésie ? Changer de plan d'existence, remonter le cours ontologique des manifestations jusqu'au plus proche de sa source, et en rapporter le verbe en amont du discours, la connaissance en amont de la compréhension. Étant dans l'Être, dire l'Être...

Qu'on me permette ici -- puisqu'il s'agit de témoigner de ce sentiment indélébile de la présence d'un souffle puissant, d'une Idée vaste et sûre traversant tous les âges, d'un continuum d'âmes et d'esprits tendant les trames de ce monde de toute la vigueur de leur Amour, de leur confiance, de leur certitude, vers le but sublime et pur d'une Humanité glorieuse, réalisée sur cette Terre offerte à l'univers, partageant son ivresse entre les vides et les astres -- qu'on me permette donc d'illustrer cette transfiguration, cet abandon de la masse, ce passage-à-la-vitesse-de-la-lumière que représente l'acceptation de l'Être, le choix de la poésie, en citant l'un de ceux qui m'ouvrirent ici-bas les portes du Monde. Dans sa chanson "La ville s'endormait", Jacques Brel conclut :

"Et vous êtes passée

Demoiselle inconnue

À deux doigts d'être nue

Sous le lin qui dansait."

Au coeur de la plainte désespérée de l'Homme, le chanteur tombe en arrêt devant le surgissement de la Poésie elle-même, dépassant la détresse, la lassitude, sublimant la soif, la détresse amoureuse. La ville qui s'endort, les noms que l'on oublie, le ciel qui brûle et la trahison même de l'avenir, tout se dissipe ou s'interrompt, ne laissant que la grâce éclater d'évidence à l'âme du poète, au murmure du chanteur.

La poésie, par la transfiguration luminique qu'elle opère, transforme une proposition indémontrable et même indécidable au sein du discours de la raison et de la logique, en une Affirmation indiscutable car perçue pleinement nécessaire, imposée par son universalité irréductible et la flagrance de son achèvement. Comme une théorie physique qui serait si belle qu'elle se passerait complètement de l'expérience, ou ne l'invoquerait que comme manifestation glorieuse, comme louange actualisée de l'existence ; qui se démontrerait par la seule expérience intérieure, qui émergerait de la contemplation de l'Être à travers celle de la nécessité.

L'Être en effet, comme la lumière, se montre toujours à moi comme nécessaire. Mais d'une nécessité ontologique, et non pas mécanique.

En physique aussi nous cherchons la nécessité. Nous aimerions pouvoir dire : "Mais oui, c'est évident, il ne pouvait pas en être autrement !" Et encore, ce disant je semble envisager un autrement possible... Non, la nécessité que j'évoque réside en amont des possibles. Elle est ÉVIDENCE bien plus que nécessité.

Quand s'ouvrent ainsi les voies de la compréhension, j'entends toujours en moi les mots du maître à son élève, établissant l'incontestable, l'éclatante vérité d'une affirmation. Ces mots intérieurs s'accompagnent toujours du rire le plus inattaquable de celui qui montre l'évidence à l'autre qui la découvre à peine, et

qui n'en revient pas de ne pas l'avoir formulée plus tôt tant il est clair qu'il la savait depuis l'éternité qui résume son être.

Cette pédagogie profonde de la clarté manifeste est alors mienne en une subtile conjonction des regards. Comme aux miroirs à la topologie möbiusienne, je suis celui qui livre à l'autre le secret ; mais comment ne pas savoir intimement que je suis aussi celui-là à qui, par lui-même, en la voix de ce maître intemporel, le secret est livré ?

D'où ce rire imparable, essentiel -- éternité de jouissance et de terreur auto-réflexives. Car la vérité est sublime et sévère : elle enseigne la solitude.

Devant la connaissance -- comme le dit souvent mon souvenir -- on est définitivement soi-même, définitivement seul.

Alors pourquoi se tant donner à ce face à face avec l'Être ? Pourquoi tant aimer cette solitude essentielle ? Quel est le sens de cet Appel ? Et qu'est-ce qui fait de nous ces quêteurs enivrés, dévoués à la recherche incorruptible ? Quoi, sinon ce parfum irremplaçable, cet embrun de vérité qui s'embrase, dans la sincérité du rendez-vous, de l'ouverture, du don ?

La compréhension -- quels qu'en soient l'objet, la richesse, ou la profondeur -- fait toujours jaillir en moi cette évidence, cette éternité de l'Être -- cette vérité. Comme une connexion s'établit, comme un lien s'active. Ce n'est pas tant la compréhension d'ailleurs, que comprendre... Percer l'espace des enchaînements des causes, traverser tous les voiles comme un vaisseau les franges des hyperespaces, comme un trait infaillible délivré par un doigt de lumière vers son but impeccable, touché par cette abolition du temps qui identifie les présences, rendu infiniment ponctuel à l'appel de ses déploiements harmoniques.

Chaque réponse intermédiaire me délivre la même puissance de vérité, la même ardeur de connaître, le même amour d'être, qu'une connaissance qui serait définitive -- et qui pourrait se traduire par "voir les équations du monde", en physique, ou "être définitivement la conscience", en métaphysique, ou simplement dans l'Art de vivre. Être sur le chemin, dans la voie, me suffit toujours absolument, car seules se perçoivent l'orientation, la dynamique de l'être, et le but est inscrit dans le chemin aussi sûrement que l'impact dans le mouvement de la flèche.

Et si Zénon s'applique génialement à démontrer que la cible n'est jamais atteinte par épuisement du mouvement, peut-être est-ce pour nous inviter une nouvelle fois à la sublimation, au "changement de point de vue" dont nous parlions tout à l'heure, et à préférer à la cible la flèche, à la flèche la trajectoire, à la trajectoire l'orientation, et à l'orientation, l'aspiration. Or existe-t-il une autre aspiration que l'aspiration amoureuse ?

Voilà qui porte le discours jusqu'au point de sa rupture, jusqu'à son ultime impuissance, son abdication silencieuse -- jusqu'à ce que l'on taira n'en pouvant dire que des mots vides : Amour, Évidence, amour de l'Évidence, évidence de l'Amour.

Lors les portes des cieux s'estompèrent

dans les rouages du secret

Et de maints silences fus embaumé...

Étienne Parizot

(incarnation)

À toi généreuse lumière
et toi respectable ténèbre
qui ne put désarmer mon bras
de ses traits de lumière
brandis sans hargne et sans triomphe
aux sphères toujours claires
Mais qui fut, dans la joie rétrospective
de la confrontation des résistances
et des érections en l'appel de l'Être,
le témoin sûr de mes naissances...

Des idées comme il en vient aux fous, aux mendiants, aux poètes
L'oeil dans l'eau de l'espace
Et l'aube dans la tête
Des idées
Comme prêtent leur corps aux almées qui les dansent
Désirées d'évidence
Des idées... et des âmes
pour s'en émerveiller

Des idées et des âmes aux frontières ouvertes
Aux lignes épousées
Des vides et des âmes
et des îles offertes

Des idées d'Idées sublimes comme commune transcendance
aux êtres érigés
Des idées d'Âme
Des idées d'âmes qui se reconnaissent
comme aux cathédrales célestes
les innocences réservées

Et toujours l'Être, UN
Toujours avant, toujours, UN, seul, l'Être

Nul mouvement nul souffle ni son approche annoncée
Ni la venue d'un devenir, nul prélude, nulle arrivée

Avant, UN, toujours l'être
Dans l'A d'avènement, tout occupé à être ce Verbe avant tout langage,
ce passage ouvert, ouvrant, oeuvrant mais délivré de tout avoir-à-venir, calme comme la mort inexistante, immouvant comme la durée
qui ne parvient pas même à débuter, transi dans la vérité implacable
de l'impossibilité du mouvement,
LÀ, UN
Idéel idéal de tout Être
Ni l'immuable ni le mouvant;
absent à l'idée même du mouvement
Hors du sens, ajourné,
LÀ, UN, L'ÊTRE,
Repos de nulle fatigue, de nul précèdement...

Et puis soudain qui s'ouvre... déferlante de vérité, toute en une
apparition, toute en une infime ouverture : la Terre !
Entière irruptée, passée par le chas d'un instant, délivrée
Elle, telle qu'en sa vérité intime, sa précise totalité, précieuse,
précipitée en son âme concise, son Nom de majesté,
comme s'érige un monde, la Terre !
émise en scène, éprise forme.

Achevée toute et Une, par le menu de son histoire instantanée,
s'offrant à elle-même en mon esprit émerveillé, soudain récupéré :
la Terre, comme une Idée, comme une Âme.
La Terre - une Âme, une Idée.

Et mon Âme-coeur devant Elle, éternellement éveillée...

* * *

Ç'avait été au coeur de la poésie qui révèle, sans attente,
sans désir ni recherche, le corps et l'esprit retournés vers les Vides
de la conscience. L'Être m'habitant se tenait -- comme alors
en toute occasion tolérée par ma semblance matérielle -- inexistant
au manifeste, tout livré à l'ouverture du Monde, vierge au repos des rotatives célestes, prêt-à-imprimer...

Et l'impression survint d'où les âmes se font connaître :
la vie, le coeur d'un monde où il allait bien falloir naître,
et faire naître la vie, le coeur, le Monde.

Ainsi Terre me fut présentée, donc offerte.
En l'éclat d'un instant pas même écoulé,
dans la marge des vides où se nomment les âmes,
la Planète, cette planète, de roches animées,
du socle des limons, d'océans éprouvés, me fut connue.
Telle qu'on ne peut plus rien jamais d'elle ignorer.
Toute en cette unique impression -- hymne où nous fîmes connaissance.

Tout de Terre, de tout temps : les pluies solides de l'espace, les feux mouvants de ses entrailles, les forces animées, les vies, toutes en

Elle renouées, toutes en Terre sublimées, procaryotes, eucaryotes,
vies de l'eau, de l'air et du feu, vies des rochers déjà taillées en chair, en élytres, en os. Savanes, banquises, déserts, forêts et mers, nimbes, nuées, les vies advenues, révolues, éteintes, les vies exténuées.

Tout de Terre, oui tout me fut su, dans la stricte mesure et l'exacte occurrence -- nulle insignifiance, nulle pénombre -- de la moindre écaille de lumière, l'inattendu secret d'une papille de dinosaure au vent de l'haleine océane, le souffle débordant d'un volcan sur l'hiver ; et tout ce qui advint, ou s'abstint d'advenir, influença, força, veilla, aima la Terre. Amours chantées au Vide. Éperdues de Soleil. Toute la succession des formes, des essences et des connaissances ayant prêté leur chair à la pesanteur terrestre, d'espèces en individus, de germes d'idées en poèmes, dans la transhumance des siècles au travers des saisons de l'Être, depuis la neuve récurrence aux créatives arabesques, jusqu'aux ivresses vagabondes, aux vacarmes impénétrants.

Tout fut exposé, ordonné, daté, organisé dans l'inextricable
écheveau des causes, des effets, des heureux synchronismes

et fatales coïncidences.

Comment le dire enfin ?
Tout fut au monde mis -- sans le cri des enfantements,
Présent brûlant de toute éternité,
Tout ce que d'elle il ne sera jamais possible de connaître
sans la connaître
Elle, simplement, justement, la Terre, cet Être qu'elle Est, plus que l'Idée d'Elle... son Âme.

Lors les portes des cieux s'estompèrent
dans les rouages du secret
Et de maints silences fus embaumé.

* * *

Alors, d'elle-même, l'Information me reconduisit par les trames tissées de l'espace et du temps. Qui me trouvèrent à l'instant...
L'âme encore embaumée, d'une perspective adéquate
je les voyais encore, ourlés, balancer amplement dans le souffle
éternel de l'innocente joie.

Ainsi
À l'inverse d'un autre qui vint, vit et vainquit,
Voilà que j'avais vu
Et lors, d'Amour conquis -- de grâces, d'harmonies
qui ne me plus quittèrent
Je suis venu sur Terre.

Et demeure en son lit...

Pourtant les rivages sont lourds où se brisent les mers sans âme.
Et j'entends le silence invoquer le vacarme
Déjà ce monde m'est connu pour les noms qui s'y désincarnent
et les horizons éperdus...

Le souvenir des saisons humaines vaguement se disperse,
brumes évaporées à l'absence et ne restent
que voix effritées qui se blessent et se répètent leurs oublis.

Dieu qu'ont-ils fait du vide en ce corps embaumé,
de ce temple ignoré qui se dément et se défait de toi,
se délie, se dévoie ?

L'érosion souffle aussi sur les âmes
et ne laisse que ruines
et sable d'édifices.

Mais qu'importe, j'avais
Dans les arcanes du secret
Les mots et les êtres qui dansent

J'avais, qu'importe, les sommets
Les feus des silences ancrés aux mers infinies de la paix
Et aux oracles qui les pensent

J'avais les chanteurs les poètes
aux harmonies toujours abstraites
et les musiques emparées

J'avais Verdi et son Aïde
Qui me venait comme une autre Alaïde
Toujours aux porches du silence
où vient résonner l'évidence
de l'Amour

J'avais là -- je savais -- la source et la semence
La voûte des échos où les rêves commencent
Et j'ai rêvé les vents, j'ai rêvé sur la Terre
Les chants et les chemins animés et sincères

Et l'idée m'en revint
comme revient la mer

Que les coeurs seront pleins
et les âmes sont prêtes

Les chants se lèveront
et sera sur la Terre
l'Humanité des cieux qui tant la désirèrent

* * *

Lors s'en retourneront les anges à leurs sphères
L'oeil dans l'eau de l'espace
Et l'aube dans la tête

Mais ce n'est qu'une idée
comme il en vient aux fous, aux mendiants, aux poètes...

Il était par le monde vaste des rivages accessibles, des idées et des âmes éprises,
que nulle forme ne garda. Il était, il est et sera. Changeantes destinées se suivent.
Mais le ciel te ressemblera...

Étienne Parizot


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