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Entretien avec Tatiana F. (suite et fin)

Nous n'avons aucune trésorie. C'est une chance ! Il y a des gens qui ne comprennent pas notre démarche qui ne rentre dans aucun système mercantile. Ils disent : "C'est un miracle". Je dis : "Non, c'est de l'amour". L'idée touche les artistes, les gens de communication, les scientifiques, et aussi monsieur tout-le-monde, car elle est simple. Elle plaît moins, semble-t-il, à ceux qui nous gouvernent parce qu'on est complètement indépendants.

Vous ne devez rien à personne, et même pas à vos lecteurs !
Exactement. Mais il faut être en accord avec soi-même. On dit sans contrainte ce qu'on sent, parce que nous n'avons pas d'argent et n'en avons pas besoin pour fonctionner. En plus, on dit aux gens : "Ne prenez pas ce qu'on dit pour agent comptant. Tournez-vous vers votre maître intérieur. La conscience est en train de frapper à la porte. Elle ne demande qu'à émerger. Faites-lui de la place !".

Concrétement, quand le journal sort, comment faites-vous ? Car vous n'avez pas d'abonnés ?
Non ! (éclats de rire)

Et vous ne vendez pas en kiosques ?
Non ! Notre tirage est de 3 500/4 000 exemplaires. Ceux qui écrivent dedans le diffusent autour d'eux. Et ceux qui sont au courant nous téléphonent pour qu'on l'envoie.

Et les frais d'envoi ?
C'est vrai que les gens ne se rendent pas compte que les envois coûtent très cher. Alors j'ai dit : "ok, on fait un geste. On l'envoie, et une fois que les gens l'auront reçu, peut-être qu'ils nous enverront des timbres".

Et ça marche ?
Non (rires). Chaque fois qu'on sort le journal -on met quand même six mois à le faire avec toutes les démarches que cela comporte - on se pose la question : "Seigneur, où va-t-on trouver l'argent pour l'envoyer à ceux qui le demandent ?".

Je pense que les lecteurs de "Terre du Ciel" qui le demanderont auront compris le message ! Participez-vous à d'autres actions ?
Nous participons au Jour de la Terre. Nous nous associons souvent avec d'autres associations, mais toujours de façon ponctuelle, pour une action précise. L'année dernière (1992) nous avons fait une très belle fête au Champ-de-Mars, avec des peintres, des conteurs, des chanteurs.

Quinze mille personnes sont passées dans la journée sans qu'on ait fait aucune opération médiaitique. C'est une grande leçon. Les gens pensent qu'il faut de l'argent pour faire des choses ; ce n'est pas vrai ! On pense qu'il faut un tapage médiatique; ce n'est pas vrai non plus.

Certaines aiment à penser que ce sont socialement des marginaux qui s'intéressent à ces problèmes de conscience, d'humanité, d'écologie. Mais je n'ai pas l'impression que ce soient des marginaux que tu touches ?
Beaucoup de gens assument des postes importants dans les médias, les milieux scientifiques ou artistiques ont cette sensibilité. Souvent, ils n'osent pas encore en parler publiquement, ils ne sont pas prêts à témoigner. Mais doucement cela chemine en eux. je leurs dis : il faut oser. Nous sommes arrivés au point où l'on n'a plus le choix. Il faut oser.

Ils oseront quand ils sentiront qu'ils ne sont pas les seuls.
Tout à fait. Dans le numéro que nous préparons plusieurs scientifiques témoignent alors qu'ils n'avaient pas osé le faire l'an dernier. Mais j'en connais beaucoup d'autres qui ont cette même sensibilité et qui n'osent pas encore le dire publiquement. Il faut oser l'amour. Il faut oser la conscience. Ce n'est pas grave si au début on nous traite de naïfs. Il faut avoir le courage d'assumer ce que nous sommes.

Je sais que ton journal est très diffusé aussi par des personnes de l'Unesco. Comment est-il reçu, puisque tous ces gens travaillent d'une façon opposée au contenu de ton journal ?
Il y a des gens comme nous partout. Ce n'est pas parce que quelqu'un est dans le système qu'il est d'accord avec ce système. Et il y en a beaucoup qui pensent que de toutes façons on ne peut changer le système que de l'intérieur. Donc, d'accord ou pas, il faut rester dedans.

L'an dernier on a eu un échange avec une vingtaine de personnes de l'Unesco. Notre message passait bien. Mais est-ce bien reçu uniquement intellectuellement, dans la théorie, ou les personnes se sentent-elles concernées au point de changer d'attitude ? C'est difficile à dire.

A Beaubourg on nous a demandé la revue pour la mettre dans la bibliothèque. Elle est aussi dans des musées. Parfois, on apprend que quelqu'un l'y a volé, parce qu'ils nous appellent pour nous en demander un autre pour la remplacer. Bref, elle circule bien.

Vous n'attendez rien en retour de ce que vous faîtes ?
Comment peut-on attendre un retour quand on est directement, personnellement, impliqué dans ce que l'on fait. Le simple fait de pouvoir le faire est pour moi un cadeau.

Avez-vous connaissance de gens qui, après lecture du journal, aient changé leur façon de voir ?
Je ne sais pas. J'ai une espèce de pudeur. Je respecte l'intimité de l'autre. Je reçois ce que l'on me dit, je ne pose pas de question. Mais spontanément quand même, beaucoup de gens parlent, et j'apprends parfois que ce que certains font ici ou là est inspiré par nos campagnes.

C'est vraiment intéressant de voir une presse qui au lieu d'avoir pour finalité de se perpétuer d'elle-même, de d'auto-entretenir - ce qui est le cas aujourd'hui de la quasi totalité de la presse- est complètement dégagée de cette obsession au point de ne même pas mettre son nom en couverture.

Elle n'a pas de finalité dissimulée autre que cela qu'elle annonce : témoigner et inciter au changement, pousser l'action.
Je dis souvent aux gens : "Bougez-vous !". Bougez-vous et pensez par vous-même. Faites une démarche à partir de ce que vous-mêmes vous pensez et ressentez. Il y a des gens qui sont plus évolués que nous dans la conscience et qui peuvent nous guider. Mais il ne faut pas rester dans l'écoute extérieure.

Dans tous les cas, il faut rester en soi-même et voir au dedans de soi ce qui est essentiel pour soi. Je suis convaincue, par expérience, que la vérité est Une, sous de multiples aspects, avec des formulations différentes, mais fondamentalement Une. C'est à chacun de choisir la formulation ou la présentation qui lui plaît le plus. Mais, il y a une source profonde unique pour toutes les voies.

J'aime beaucoup l'appellation Humains Associés. L'expérience de la vie, c'est plutôt d'être en compétition qu'être associés. C'est à celui qui sera le plus malin pour tirer toute la couverture à lui et faire trébucher son copain.
Cela fait ving ans que je suis en France et ce qui m'a le plus étonnée quand je suis arrivée ici, c'est la compétition. Même chez ceux qui disent qu'ils ne sont pas en compétition, il y a compétition de façon cachée.

Et donc on ne peut pas collaborer. Alors puisqu'on a tous la prétention d'être des Humains, j'ai dit Associés. Parce qu'on n'est pas véritablement des Humains si on n'est pas capable de collaborer ensemble. Et c'est comme cela que c'est devenu "Les Humains Associés" ! (rire).

Propos recueillis par Alain Chevillat.


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