De l’urgence de défendre notre planète et nos valeurs
Dessin reproduit en couverture du fascicule « L’état des lieux » (Éd. Les Humains Associés, 1992) avec l’aimable autorisation de Michel Granger.
En 1992, il y a 33 ans, le monde s’est réuni en sommet à Rio de Janeiro, au Brésil, pour une prise de conscience majeure sur l’état de notre planète. À l’époque, nous étions 5,4 milliards d’habitants, et des rapports, comme le « Rapport sur l’état de l’environnement de 1972 à 1992 » du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP) (traduit et édité en français par Les Humains Associés dans le fascicule « L’état des lieux », 1992 – PDF), montraient déjà l’ampleur des dégâts : 15 % des terres agricoles dégradées par l’érosion et la salinisation, des forêts disparues à un rythme alarmant, et des mers polluées par nos rejets, comme en Corée du Sud, où les pêcheurs ont perdu 133 millions de dollars en 1991 à cause d’algues toxiques. Lors du Sommet de Rio, l’humanité a promis d’agir pour un avenir durable, portée par des valeurs universelles : l’humanisme, la solidarité, le respect de la nature et de la dignité de chacun.
Mais aujourd’hui, alors que nous sommes entre 8 et 8,5 milliards, les crises s’aggravent. Les records de température s’enchaînent, les catastrophes climatiques frappent, et les tensions géopolitiques s’intensifient. Ce qui était une cause commune s’est transformé en bataille idéologique. L’écologie, autrefois un projet commun pour unir l’humanité, est devenue un terrain de luttes politiques, manipulée par des discours extrémistes qui rejettent tout en bloc, à commencer par les valeurs de l’Occident, quitte à réveiller la bête immonde, manifestement encore féconde ! Ces idéologies exploitent notre soif de justice et nous éloignent de nos idéaux universalistes, de notre aspiration à la liberté, l’égalité, la fraternité, la dignité pour tous, et voudraient nous voir renoncer à la beauté, à l’harmonie, à toutes les valeurs fondatrices de notre civilisation humaniste qui ont inspiré le Sommet de Rio.
Comment en sommes-nous arrivés là ? C’est que nous, les générations précédentes, n’avons pas su vous transmettre l’histoire et la culture qui donnent du sens à ces combats. Les jeunes générations méritent de le savoir : en 1972, le rapport « Les limites à la croissance » alertait sur l’effondrement possible de nos sociétés. En 1987, le Rapport Brundtland appelait à un développement durable, pour vous, les générations futures. En 1992, Rio a uni 189 pays, 120 chefs d’État, pour protéger la planète. Mais ces leçons se sont perdues, et certains profitent de ce vide pour vous entraîner dans des combats qui ont pout but de nous diviser au lieu de nous unir.
Ne laissons pas notre énergie être ainsi détournée par des discours qui opposent les peuples ou rejettent la richesse de notre héritage humaniste – celui de la beauté, de la poésie, de la liberté. L’humanisme, c’est cet « ange » que nous devons défendre : une vision selon laquelle chaque être humain, chaque culture, chaque arbre et chaque rivière ont leur place. Même s’il y a eu de belles victoires collectives, comme celle de la protection de la couche d’ozone grâce à une action concertée à l’échelle planétaire en 1987, les chiffres sont là : 2 milliards d’hectares de terres dégradées, des espèces végétales et animales menacées d’extinction, des forêts disparues, des guerres alimentées par les crises climatiques.
Dans ce contexte, je vaudrais m’adresser tout particulièrement aux jeunes ! Vous êtes l’Avenir !
Allez aux sources des informations, car aujourd’hui les canaux qui sont censés nous transmettre des informations préfèrent leurs opinions aux faits. Or, nous avons besoin d’informations solides pour nous positionner, pour évaluer nos certitudes et nos incertitudes, pour fonder notre réflexion, notre action, nos acceptations ou nos refus. Il ne peut y avoir de réelle prise de conscience, ni de responsabilisation, sans information étayée, sans faits tangibles, sans données consolidées. Les opinions ne valent rien lorsqu’elles s’appuient sur des supercheries, des faits inventés de toutes pièces, ou d’autres opinions tout aussi arbitraires.
Informez-vous, examinez le monde, et prenez connaissance aussi des alertes d’hier ! Cultivez les valeurs qui font de nous des êtres humains : la solidarité, le respect, l’amour de la beauté. Refusez les idéologies qui divisent, qu’elles se nourrissent d’un rejet des Lumières, d’une haine de soi, d’un catastrophisme angoissé, d’une obsession millénariste ou d’un fanatisme religieux. Le combat pour la planète et pour l’humanisme est le vôtre ! C’est maintenant ou jamais. Levez-vous, levons-nous pour ce « combat pour l’Ange » – pour un monde où l’humanité et la nature vivent en harmonie !
UN MONDE VÉRITABLEMENT HUMAIN EST POSSIBLE !
Tatiana F. Salomon, présidente fondatrice des Humains Associés
Téléchargez le fascicule : « L’état des lieux », Éd. Les Humains Associes, 1992 – PDF
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