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Investir dans les filles contre pauvreté, empreinte carbone d’un ordinateur, saumon dans la Tamise

Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée à la lutte contre la pauvreté dont l’efficacité est décuplée quand elle passe par les jeunes filles, à la terre comme ressource et nouvel enjeu pour le maintien des services écosystémiques, au retour du saumon dans les rivières anglaises, aux initiatives en faveur du développement durable dans les villes françaises et à l’empreinte carbone d’un ordinateur.

Pour lutter contre la pauvreté, il faut miser sur les jeunes filles

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Il y a les révolutions spectaculaires, comme celles auxquelles on assiste actuellement dans les pays arabes. Et il y a aussi une façon plus calme de renverser le statut quo, avec des résultats tout aussi impressionnants. Pour des militants qui luttent contre la pauvreté, la maladie ou l’extrémisme, une de ces idées révolutionnaires consiste à investir dans les jeunes filles.

A l’âge de 12 ans, dans de nombreux pays, une jeune fille s’occupe de la maison, fait la cuisine et le ménage. Elle mange après les hommes et ce qu’ils ont laissé. Elle a moins de chance d’être vaccinée ou de voir un docteur. En Afrique sub-saharienne p.ex., moins d’une fille sur cinq va au collège. Presque la moitié des filles est mariée avant 18 ans, une fille sur sept dans les pays en voie de développement est mariée avant 15 ans. La première cause de mortalité des jeunes filles entre 15 et 19 ans à travers le monde n’est pas la violence ou les maladies, ce sont les complications suite aux grossesses précoces.

Et pourtant, moins de 2 cents de chaque dollar d’aide au développement sont destinés explicitement aux jeunes filles – ce qui est déjà un progrès par rapport aux années passées, où le montant était d’un demi cent. Neuf programmes de développement sur dix destinés aux jeunes s’adressent aux garçons. Il y a pourtant d’innombrables raisons d’aider les filles. Une année supplémentaire d’école primaire augmente le salaire d’une jeune fille de 10 à 20%, une année supplémentaire au collège ajoute 15 à 25%. Des jeunes filles scolarisées pendant plus de sept années se marient en moyenne quatre ans plus tard et ont deux enfants de moins. Le Programme Alimentaire Mondial a évalué que quand les femmes et jeunes filles gagnent un salaire, elles le réinvestissent à 90% dans leur famille. Chez les hommes, ce chiffre est de 30% à 40%.

Homework - Photo : Meanest Indian

Homework - Photo : Meanest Indian

« Investir dans l’éducation des jeunes filles dans les pays en voie de développement représente le retour sur investissement le plus important que l’on puisse obtenir », explique Larry Summer, économiste à la Banque Mondiale.
Les bénéfices sont tellement évidents que l’on s’étonne du manque d’engagement en ce sens. Une des raisons est que les besoins sont globaux et qu’ils doivent être évalués en commençant par écouter les femmes et jeunes filles, ce que culturellement la plupart des pays n’est justement pas disposé à faire. Le changement dépend d’infrastructures, de lieux sécurisés, d’écoles et hôpitaux adaptés aux besoins spécifiques des femmes. L’accès facilité au bois ou autres carburants, ainsi qu’à l’eau, permettrait aux femmes de ne plus passer jusqu’à 15 heures par jour à leur recherche.

Une initiative américaine, GirlUp, soutenue par la fondation de l’ONU, vise à fédérer les jeunes filles américaines pour des actions de solidarité envers leurs homologues dans le tiers monde. La génération des 12-18 ans se révèle mobilisée et généreuse, explique la directrice de ce mouvement – elle va favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de leaders pour les douces révolutions à venir. (Lire l’article de Time, en anglais)

Jiangling - Photo : shenxy

Jiangling - Photo : shenxy

L’usage raisonné des terres est essentiel pour la préservation des services écosystémiques

Le pic pétrolier ou la raréfaction d’autres ressources telles que les métaux font régulièrement la une des journaux. Il y a cependant une ressource qui a un statut particulier, parce qu’aucune augmentation de prix ne peut en accroître la production, même temporairement, tout simplement parce qu’elle est finie : la terre. Le territoire a toujours fait l’objet de conflits géopolitiques. Mais une nouvelle compétition émerge, potentiellement plus importante pour notre avenir, celle autour du type d’utilisation des terres. Trois types d’usages entrent en conflit : les terres laissées vierges, spécialement les forêts, l’usage agricole et l’usage urbanisé avec l’industrie, les transports ou l’habitat.

La biodiversité et les écosystèmes qui sont à la base de l’activité économique dépendent essentiellement d’une nature en bon état – mais ils ne font pas le poids face aux deux autres usages qui ont des arguments économiques massifs en leur faveur : L’agriculture est poussée par la demande alimentaire d’une population toujours croissante et sa demande de viande, très gourmande en terres. L’urbanisation est portée par le poids de l’industrie mais aussi l’évolution démographique.

La diminution des terres vierges a des conséquences dramatiques à terme : perte de la biodiversité et de ses services, perte de la capacité à absorber du carbone. Il n’est pas nécessaire que la terre reste à l’état « sauvage » : l’agriculture et l’urbanisation peuvent être conçues de façon à maintenir les écosystèmes. Mais il est essentiel de protéger les services écosystémiques qu’offre la nature, tels que les ressources génétiques, un sol de qualité, l’eau, la pollinisation – tout ce dont dépend l’économie du monde et la subsistance de ses habitants.

Comment peut-on amener les gens à préserver les écosystèmes dont nous dépendons tous ? La question a été posée par le rapport TEEB (L’économie des écosystèmes et de la biodiversité), publié en 2010, dont l’objectif a été de fournir des arguments économiques pour la préservation des services écologiques et de proposer des stratégies politiques en ce sens. Les écosystèmes sont vitaux pour nous, et dans un système global basé sur l’argent, on doit leur donner un prix. Le mécanisme REDD, qui vise la protection des forêts, est une des premières mesures qui répond à cette logique, issue de façon significative de la convention sur le réchauffement climatique, plutôt que des conférences sur la biodiversité. Mais la question de l’usage des terres devrait être un point majeur de la conférence Rio+20 en 2012. Il y a un marché mondial des terres, dans lequel les écosystèmes devraient pouvoir rivaliser avec une voix forte. (Lire l’article dans le Guardian, en anglais).

Salmon run on the Humber River - Photo : ZaNiac

Salmon run on the Humber River - Photo : ZaNiac

Les saumons remontent à nouveau la Tamise

Pendant des décennies, les activités industrielles en Angleterre ont été la cause principale de la pollution des rivières et des cours d’eaux, les transformant parfois en de véritables égouts.
Mais de nos jours, grâce aux mesures prises par l’Agence de l’environnement, aux investissements faits par les compagnies de distribution d’eau, à la disparition de la plupart des industries lourdes traditionnelles et à la réduction des incidents de pollution, l’eau des rivières et des plus grands fleuves du pays a retrouvé sa qualité ce qui a permis le retour d’espèces sauvages qui avaient jusque-là disparu, comme le saumon, la loutre et le rat d’eau.

À Londres, la Tamise elle-même, déclarée il y a 50 ans biologiquement morte, a reçu cette année un prix international pour ses qualités écologiques. On trouve dans ses eaux plus de 125 espèces différentes, on fait de l’élevage de coquillage dans son estuaire et les saumons remontent à nouveau le fleuve. La Mersey (Liverpool et Manchester), également déclarée biologiquement morte il y a quelques années, a retrouvé une population de saumons et truites saumonées et la Tyne (Newcastle) est devenue le fleuve anglais le plus riche en saumon.

Le retour des loutres dans les rivières et les cours d’eau de tout le pays est aussi une preuve de l’amélioration de la qualité de l’eau. Leur population a atteint 58,8 %  en 2009 et 2010, alors qu’elle n’était que de 5,8 % entre 1977 et 1979, victimes des pesticides et de la destruction de leur habitat. Les rats d’eau, espèce très répandue au Royaume-Uni, avaient disparu à 90 % il y a une vingtaine d’années. Mais ils sont revenus peupler les rivières et en 2010, une enquête a répertorié 30 sites où l’on retrouve cette espèce sauvage.

Il faut cependant relativiser les bons résultats annoncés par l’Agence de l’environnement, car son enquête se base principalement sur l’étude des niveaux de pollution chimique de l’eau (pollution qui a effectivement baissé ces dernières années) et pas sur la qualité écologique, ce qui inclut la quantité et la diversité des espèces qui peuplent les rivières, fleuves et cours d’eau. Or, selon les normes européennes plus sévères et la directive-cadre sur l’eau (DCE) qui ont pour critère la qualité écologique de l’eau, seuls 26 % des rivières d’Angleterre et du Pays de Galles y répondent, 56 % s’en approchent, 14 % sont considérés comme dans un état médiocre et 2 % comme mauvais. (Lire l’article du Courrier International)

Sustainable city - Photo : Xotoko

Sustainable city - Photo : Xotoko

Villes durables de demain, les villes se mettent au vert

De plus en plus de villes s’emploient à trouver des solutions novatrices et privilégient l’énergie renouvelable pour répondre à leur besoin énergétique. Elles viennent grossir le Réseau des centres-villes durables et de l’innovation, qui regroupe plus de 150 communes.

À Toulouse par exemple, c’est l’énergie des piétons qui éclaire les trottoirs. Avec pour objectif de diviser par deux le coût de l’éclairage public (40 % de la facture globale d’électricité), la ville s’est inspirée d’une technique utilisée dans les discothèques aux Pays-Bas : utiliser l’énergie produite par les pas des piétons (70 watts/personne) pour éclairer les réverbères et adapter la puissance de l’éclairage en fonction de la nécessité, au moment où des gens passent, grâce à des détecteurs de mouvement. La ville est ainsi parvenue à faire 70% d’économie d’énergie tout en contribuant à la dépollution lumineuse. À Valenciennes, c’est en récupérant la chaleur (de 8 à 14 degrés) des eaux usées (douches, machines à laver) que la mairie est chauffée à 80 %. Grâce à l’économie ainsi générée, la mairie va pouvoir financer l’isolation du bâtiment.

Une autre problématique à laquelle les villes doivent faire face : la circulation automobile qui engorge et pollue notamment les centres-villes. La géolocalisation peut être une solution, même si elle est encore en France à l’état expérimental. Elle permet de localiser les places de parking libres grâce à des capteurs placés dans la chaussée. L’information est accessible sur portable ou s’affiche sur les panneaux publics, sachant que 30 % de la circulation urbaine est consacrée à la recherche de places pour se garer. En région parisienne (Rueil-Malmaison), ce sont des voitures électriques à louer à proximité du lieu où l’on se trouve, que l’on peut repérer par téléphone. Ces voitures sont équipées d’un GPS qui propose le trajet le plus économe. Cela a permis d’éviter le rejet de 10 tonnes de CO2. La mairie espère élargir ce service aux employés des 3000 entreprises implantées sur la commune.

Dans des villes comme Montpellier et Orléans, les camions de livraison, polluants, ne sont autorisés que le matin. La mise en place d’une ligne de tram-cargo et de plateformes de portage communes pour les commerçants est à l’étude. À Vitry-sur-Seine, Bruno Rollet (lauréat du concours d’Architecture bas carbone d’EDF) est en train de construire un immeuble de 29 logements sociaux où les briques remplacent le béton, où la lumière des escaliers et du parking est naturelle, le chauffage thermique et où l’on trouve un jardin potager et une aire de jeux sur le toit. (Lire l’article de Goodplanet)

E-waste - Photo : iowa_spirit_walker

Quelle est l’empreinte carbone d’un ordinateur ?

La société Fujtsu a livré une analyse inédite de l’empreinte carbone d’un ordinateur de bureau. Cette analyse a respecté les standards internationaux pour une mesure dite de cycle de vie et a été vérifiée par un tiers indépendant.

Selon cette étude, la production d’un ordinateur a une empreinte carbone de 339 kg équivalent CO2 , qui se décompose en fabrication des composants (89%), le transport (10%), entre l’Europe et la Chine notamment, et l’assemblage des composants (1%). Pour l’utilisation de l’ordinateur, l’empreinte carbone est en France de 7 kg éq. CO2 par an (elle serait plus importante dans des pays où l’électricité provient davantage de centrales à charbon). Ce qui signifie qu’il faudrait utiliser cet ordinateur (hors écran) pendant 48 ans pour émettre autant de CO2 que les phases de fabrication, transport et fin de vie réunies. L’empreinte carbone d’un écran plat est elle aussi très importante, on peut estimer un rajout de plus de 650 kg équivalent carbone pour sa production, soit environ 1000 kg éq. CO2 pour une poste de travail complet.

Ces calculs montrent que l’allongement de la durée d’utilisation d’un équipement (et la lutte contre l’obsolescence programmée des biens) a un impact autrement plus important sur l’empreinte carbone que les économies d’énergie dans sa phase d’utilisation. (Lire plus de détails sur le site GreenIT)

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