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Des forêts et des hommes, migrations climatiques, énergie solaire en Afrique

Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée au film de Yann Arthus Bertrand pour l’Année Internationale des Forêts, à la grande sécheresse dans le bassin amazonien, à l’Afrique qui développe les énergies vertes, aux antennes relais alimentées par des panneaux solaires en Inde, à la menace qui pèse sur le peuple de Dongria Kondh (“real-life avatar”) et sur la tribu des Jawara des Iles Adaman.

Des Forêts et des Hommes – film de Yann Arthus Bertrand pour l’Année Internationale des Forêts

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Le film officiel de l’Année Internationale des Forêts a été réalisé par Yann Arthus-Bertrand mandaté par les Nations Unies pour le réaliser. Après le succès du film « Home » vu par 400 millions de personnes, le photographe s’est lancé dans la réalisation d’un film court de 7 minutes orienté sur les forêts et composé d’images aériennes du film « Home » et des émissions de « Vu du Ciel ». Ce film a été diffusé en séance plénière du 9è Forum des Nations Unies sur les forêts (du 24 janvier au 4 février 2011 à New York). Il est désormais mis à la disposition de tous – gratuitement – afin de lui assurer une diffusion mondiale.

Dry Amazon River, Brazil - Photo : visionshare

Dry Amazon River, Brazil - Photo : visionshare

L’Amazonie a connu en 2010 une sécheresse dévastatrice

L’Amazonie a été une nouvelle fois touchée par une sécheresse, dépassant par son ampleur celle de 2005 qui était considérée par les scientifiques comme exceptionnelle. Cette sécheresse a des conséquences immédiates sur la bonne santé de la végétation et donc sur les émissions de gaz à effet de serre : les arbres et autres plantes absorbent du carbone lors de leur croissance, mais le relâchent en mourant et en pourrissant. Selon l’étude parue dans le journal Science, la forêt amazonienne n’absorbera pas les 1,5 milliards de tonnes de carbone habituels en 2010 et 2011 et le bois mourant émettra 5 milliards de tonnes de CO2 dans les années à venir, soit 8 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires.

« Si des événements de ce type se multiplient, la forêt amazonienne va atteindre un point de bascule où elle passe d’un précieux puits de carbone, qui contribue à réduire le réchauffement climatique, à une source majeure de gaz à effet de serre, qui va au contraire l’accélérer », indique Simon Lewis, un climatologue de l’université de Leeds (UK), principal auteur de cette étude. Ces deux sécheresses successives correspondent par ailleurs à certains modèles climatiques qui prédisent que les forêts vont être confrontées à des extrêmes climatiques plus importants durant ce siècle, avec des sécheresses qui les rendent plus vulnérables au feu et réduisent leur capacité naturelle à récupérer. (Lire les articles de 20 minutes et de Yahoo!, en anglais)

A broken community - Photo : BBC Bangladesh Boat

A broken community - Photo : BBC Bangladesh Boat

« Les migrations climatiques peuvent être bénéfiques face au réchauffement »

Des études ont estimé le nombre de réfugiés climatiques à 200 millions voire 1 milliard de personnes d’ici 2050. Face à ces rapports alarmants, une étude de la Banque asiatique du développement éclaire la question sous un angle nouveau.

François Gemenne, rapporteur de l’étude et chercheur à l’Iddri, explique que les chiffres sur ce phénomène complexe ne tiennent pas compte de l’évolution démographique, de la capacité d’adaptation des populations ni des politiques migratoires mises en place. L’étude rappelle par ailleurs que les réfugiés climatiques – personnes forcées de quitter leur lieu de vie en raison d’une dégradation, progressive ou subite, de leur environnement liée au changement climatique – ne se déplacent que rarement au-delà des frontières de leur pays et viennent le plus souvent peupler les grandes agglomérations de leur région. La peur face à des flux migratoires massifs devrait laisser place à des politiques volontaristes à propos des migrations, qui tiennent compte des risques prédits par les modèles climatiques et qui n’entravent pas, mais au contraire accompagnent ces déplacements.

Dans un entretien sur le blog d’Audrey Garric dans le Monde, François Gemenne souligne ainsi que les migrations peuvent et doivent relever d’une stratégie rationnelle d’adaptation face au changement climatique. Les États, plutôt que d’être dans une démarche uniquement réactive, devraient encourager les populations à vivre dans des zones moins risquées et donner aux villes les moyens de s’adapter aux flux migratoires. « En évitant que les gens ne partent au dernier moment, on réduit le nombre de morts et de crises humanitaires, on diversifie les sources de revenus pour les familles, on provoque une meilleure gestion des terres et moins de compétition pour les ressources. » La question devrait être traitée sous l’angle de la coopération internationale. Un premier pas vers un financement des stratégies d’adaptation a été la création du Fonds vert à Cancun. (Lire l’entretien avec François Gemenne ici et l’article de l’International Institute for Environment and Development, en anglais)

Wind turbine farm. Tunisia. Photo: © Dana Smillie / World Bank

Wind turbine farm. Tunisia. Photo: © Dana Smillie / World Bank

L’Afrique parie sur l’énergie verte

En Afrique, continent de plus d’un milliard d’habitants, moins de la moitié de la population a accès à l’électricité de façon régulière. Ce sont les pays du Nord qui sont les mieux lotis, la Tunisie en tête, suivie de l’Algérie et de la Libye ; au sud du Sahara, à l’exception de l’Afrique du Sud et de l’Ile Maurice, à peine une personne sur quatre dispose de l’électricité et en milieu rural, seul un habitant sur dix. Les habitants utilisent alors au mieux des groupes électrogènes (Nigeria), mais s’éclairent majoritairement avec des lampes à pétrole et des bougies. Les classes moyennes subissent de fréquentes coupures de courant qui endommagent les appareils électroménagers chèrement acquis (frigos, ventilateurs, climatisation).

Cependant, les projets d’énergie propre, à base de soleil et de vent, se multiplient et pourraient permettre à l’Afrique de prendre un véritable essor économique. Au Maroc, le plus grand site de production d’énergie éolienne d’Afrique a été inauguré récemment près de Tanger. Les nouvelles capacités de production du pays devraient lui permettre de réduire ses importations d’énergie et éviter le rejet dans l’atmosphère d’environ 9 millions de tonnes de CO2 par an. Le Kenya investit également massivement dans l’éolien : le pays est en train de construire une ferme éolienne de plus de 300 turbines, le Lake Turkana Wind Power, dont la production débutera en juin et doit atteindre 300 MW d’ici juillet 2012. Deux autres pays, l’Afrique du Sud et Madagascar, représentent eux aussi un potentiel énorme pour énergie éolienne grâce à des conditions climatiques favorables.

En ce qui concerne l’énergie solaire, le marché est bien sûr gigantesque, car l’Afrique bénéficie d’un ensoleillement quotidien exceptionnel d’environ 5 à 7 kilowatts par mètre carré. Cette énergie reste encore chère, mais des avancées technologiques dans le photovoltaïque et le thermo solaire à concentration permettent de faire baisser les coûts de production, tout comme la présence de la Chine, premier producteur de panneaux solaires mondial, qui inonde le continent de produits très compétitifs. L’installation de petits panneaux solaires peut transformer les conditions de vie des plus démunis en milieu rural, la simple possibilité de recharger un téléphone pouvant sauver des vies ou faciliter des transactions financières.

Le projet pharaonique Desertec montre que le potentiel solaire du continent n’a pas échappé aux Européens. Ils prévoient de couvrir le Sahara de panneaux photovoltaïques et de transporter l’énergie jusqu’en Europe. Ce projet gigantesque, qui ne profiterait pas aux Africains, a été critiqué, ses pourfendeurs parlant de « colonialisme écologique ». L’Algérie a demandé de bénéficier du transfert technologique européen en matière d’énergies renouvelables pour participer au programme. Quoiqu’il en soit, les énergies vertes vont dominer le marché des prochaines années et l’Afrique doit saisir l’occasion d’utiliser ses ressources gratuites, sinon d’autres risquent de le faire une fois de plus à sa place. (Lire l’article de Slate Afrique)

Cell Tower - Photo : andad84

Cell Tower - Photo : andad84

Antennes relais à énergie solaire pour les téléphones mobiles en Inde

En Inde, des antennes relais pour les réseaux de téléphonie mobile alimentées à l’énergie solaire vont permettre de réduire de 5 millions de tonnes les rejets de C02 et d’économiser 1,4 milliard de dollars.

Le ministère indien de l’Énergie va demander aux opérateurs de télécommunication d’alimenter leurs antennes relais avec des panneaux solaires, en remplacement des générateurs au diesel actuellement utilisés. A ce jour, l’Inde est équipé de 250 000 antennes relais, dont chacune consomme de 3 à 5 Kilowatts, soit environ 2 milliards de litres de diesel par an, et leur déploiement continue, notamment dans les zones rurales. Ces antennes sont particulièrement énergivores, car elles doivent fonctionner de façon ininterrompue.

L’Inde compte près de 500 millions d’abonnés aux téléphones mobiles (plus que la population de n’importe quel pays, à l’exception de la Chine) et reste l’un des deux marchés de télécommunication ayant la croissance la plus rapide au monde – selon les estimations, il atteindra d’ici 2015 environ 1 milliard d’abonnés au téléphone portable. Le projet du ministère est donc particulièrement urgent pour réduire la pression sur les ressources. Il sera relié à la « Mission Solaire Nationale de l’Inde » qui vise une production d’énergie solaire équivalente à 20, 000 MW d’ici 2022. (Lire l’article d’Inhabitat, en anglais)

Une tribu des îles Andaman menacée de disparition à cause du tourisme

Les Jawara, une tribu vivant sur les îles Andaman dans l’océan Indien, risque de disparaître, alerte l’ONG Survival. La tribu est menacée par le braconnage qui la prive du gibier nécessaire à sa survie, mais aussi par le tourisme. L’ONG accuse certaines agences de voyage d’organiser des « safaris humains », qui risquent d’introduire des maladies contre lesquelles les Jawara ne sont pas immunisés. La tribu des Jawara, qui n’a été en contact avec des personnes extérieures aux îles qu’en 1998, ne compte plus que 365 membres environ. Si leur mode de vie n’est pas protégé, ils risquent de connaître le même sort que le peuple Bo, lui aussi originaire des îles Adaman, et dont la dernière représentante, Boa Sr, s’est éteinte il y a un an. (Lire l’article de Maxisciences)

Dongria Kondh Children - Photo : visionshare

Dongria Kondh Children - Photo : visionshare

La montagne sacrée des Dongria Kondh toujours en péril

La victoire des Dongria Kondh, peuple indigène du nord de l’Inde, contre la société minière Vedanta, qui menaçait de détruire leur montagne sacrée, avait été qualifiée d’historique l’été dernier. Soutenus par une mobilisation internationale et notamment par l’ONG Survival, les Dongriah Kondh avaient été comparés aux Na’Vi du film blockbuster Avatar. L’ONG Survival avait profité de l’engouement pour ce film pour attirer l’attention sur ce « real-life Avatar » en interpellant James Cameron et la communauté internationale : « Nous avons vu votre film – maintenant, visionnez le nôtre !» Suite à cette mobilisation, de nombreux actionnaires s’étaient retirés et le ministre de l’environnement indien avait gelé le projet de mine de bauxite à ciel ouvert sur la montagne sacrée.

Cependant, on apprend que la société Vedanta a présenté une requête de contestation de la décision concernant l’exploitation de la montagne ainsi que la restriction d’une raffinerie d’aluminium également contrôlée par l’entreprise. Le ministre de l’environnement a déclaré aux journalistes que le projet d’exploitation minière était un chapitre clos, mais qu’il n’en allait pas de même pour celui de l’expansion de la raffinerie. Or, la raffinerie, qui se trouve en bas de la montagne sacrée, menace elle aussi la vie des Dongria : Plus d’une centaine de familles avaient perdu leurs maisons lors de sa construction et beaucoup d’autres ont été privées de leurs terres et de leurs moyens de subsistance. La poussière de bauxite pollue les puits et les cours d’eau et leur rend la vie impossible.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré : « Le combat de David contre Goliath qu’ont mené sans relâche les Dongria n’est pas encore terminé et leurs sympathisants du monde entier restent à leurs côtés. L’an dernier, le bon sens et la justice l’avaient emporté à Niyamgiri ; espérons que cela continuera et qu’Anil Agarwal [le président de la compagnie de Vedanta] finira par abandonner son projet dévastateur. » (Lire l’article de Survival ici)

2 commentaires

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Bravo et Merci, nous faisons suivre !

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