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Climat et empire romain, innovation contre faim, verdir le désert, disparition des bourdons #greenfr

Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée au rapport Worldwatch sur les innovations agricoles pour lutter contre la faim, au projet pilote lancé en Jordanie pour verdir le désert, à une étude sur les anneaux des arbres qui retrace 2500 ans du climat européen, à l’augmentation tragique des suicides parmi les agriculteurs indiens et à la disparition des populations de bourdons.

http://www.flickr.com/photos/ranopamas/4767024550/

Baalbek - Photo : Panoramas

La chute de l’Empire romain liée au changement climatique ?

Une étude inédite des anneaux de croissance des arbres a pu mettre en lumière des liens entre le climat et l’histoire européenne. Pour la première fois, un institut suisse, l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage, a rassemblé des échantillons d’arbres suffisamment nombreux et anciens pour pouvoir remonter jusqu’à 2500 ans dans le temps (les précédentes études ne dépassant pas 1000 ans). A travers plus de 9000 prélèvements, les scientifiques ont pu reconstituer le climat et les précipitations en Europe sur les derniers millénaires.

Ils montrent ainsi que la chute de l’Empire romain d’Occident a été précédée de décennies d’incertitudes climatiques : entre 250 et 500 apr. J.-C., périodes froides et sèches et périodes chaudes et humides ont alterné à un rythme rapide, qui ne permettait pas aux hommes de s’adapter. Combiné aux invasions et aux échecs politiques, cela a pu conduire à la fin de l’Empire. La société médiévale relativement stable a été favorisée par des conditions météorologiques constantes. La peste a en revanche profité d’un climat plus humide qui permettait sa propagation rapide.

« Des changements relativement faibles dans le climat européen ont eu dans le passé de profondes répercussions sur la société », indique Michael Mann de l’université Penn State de Pennsylvanie, spécialiste mondial du climat. D’autres études ont montré que guerres et climat sont souvent intimement liés. Il est néanmoins difficile de tirer des conclusions pour l’époque actuelle. Les guerres en Afrique, sont-elles ou non le résultat de changements climatiques, cette question fait l’objet d’intenses débats. Selon un expert du Peace Research Institute à Oslo, les sociétés modernes seraient moins vulnérables, dans la mesure où la technologie et le commerce peuvent en atténuer les effets. (Lire l’article du Newscientist ici, en anglais).

Faces of southwestern Uganda - Photo by Neil Palmer (CIAT)

Faces of southwestern Uganda - Photo by Neil Palmer (CIAT)

L’innovation agricole comme solution contre la faim (rapport Worldwatch)

Le dernier rapport du Worldwatch Institute, « État du monde 2011 », porte sur les innovations agricoles qui permettraient d’endiguer la faim dans le monde. Il révèle les principales réussites permettant d’éviter le gaspillage alimentaire, de développer la capacité à rebondir face aux changements climatiques et de renforcer l’agriculture urbaine, fournissant ainsi une feuille de route positive pour les gouvernements, les décideurs, les ONG et les donateurs.

Depuis 1980, la part de l’agriculture à l’aide internationale au développement est passée de 16% à seulement 4% aujourd’hui. Comme l’explique Danielle Nierenberg, codirectrice du projet Nourrir la planète du Worldwatch, « les solutions ne viendront pas forcément en produisant davantage d’aliments mais en changeant ce que les enfants mangent à l’école, les procédés de transformation et de commercialisation des aliments et la sorte d’industrie alimentaire dans laquelle nous investissons. »

Le rapport énumère des initiatives variées à travers le monde, souvent prises par des femmes, qui permettent une meilleure gestion des ressources. Parmi elles :

  • La cogestion durable de la pêche aux huîtres en Gambie, afin d’éviter la surpêche et l’exploitation de cette source de protéines à faible coût.
  • Les jardins verticaux, dans des sacs remplis de terre, dans les bidonvilles de Nairobi au Kenya. Ces sacs ont la capacité de nourrir des milliers de citadins tout en constituant aussi une source de revenu stable et facile à maintenir pour les agriculteurs urbains.
  • Le maintien de variétés de bétail indigène au Kenya et en Afrique du Sud, mieux adapté aux conditions climatiques locales.
  • Les potagers dans les écoles, l’information nutritionnelle et les préparations alimentaires dans les programmes scolaires en Ouganda.
  • Les pièces de théâtre interactives pour engager le dialogue sur l’équité entre les sexes, la sécurité alimentaire, la méthode de tenure et l’accès aux ressources.

Le rapport de Worldwatch rappelle que près d’un demi siècle après la révolution verte, une part importante de l’humanité a toujours faim. Les efforts pour la réduire n’ont pas vraiment été couronnés de succès. En se concentrant sur uniquement quelques techniques et quelques aliments que les experts ont cherché à introduire partout, ils n’ont pas pris en compte la diversité des situations, des populations et de leurs modes de vie, ni le rôle des femmes agricultrices ou la variété des plantes et bétail locaux.

Le rapport souligne également que les succès de cette révolution verte n’ont été obtenus qu’au prix d’une agriculture intensive et agressive, qui dépend totalement de l’énergie fossile pour son rendement. La question de savoir si les terres agricoles mondiales peuvent produire davantage de nourriture est quelque peu surpassée par la question de savoir si on peut le faire sans mettre en danger les sols, l’eau potable et la biodiversité alimentaire dont dépend la population mondiale. (Lire les articles de Cdurable ici et de Treehugger ici, en anglais)

Sahara Forest Project

Sahara Forest Project : la Norvège et la Jordanie contre le désert

Chaque année le désert engloutit six millions d’hectares de terres, poussant leurs habitants à émigrer vers des zones plus hospitalières. Pour arrêter ce processus, le Sahara Forest Project vise à créer des oasis artificielles dans les zones arides du monde, à l’aide de technologies green et hightech.

La Jordanie et la Norvège viennent de lancer un projet pilote à Aqaba près de la Mer rouge. Différents cabinets spécialisés dans l’ingénierie green vont créer un écosystème artificiel, qui reverdira le désert grâce à la création d’un microclimat et qui fonctionnera de surcroît comme puits de carbone, aidant à lutter contre le réchauffement climatique. Le projet comprend l’exploitation de l’énergie solaire, la transformation de l’eau de mer en eau douce, des cultures pour la nourriture et du biocarburant, à partir notamment d’algues, l’ensemble favorisant par ailleurs la création d’emplois locaux. Le projet en Jordanie est le premier parmi de nombreux projets souvent très importants visant à exploiter l’énergie solaire des déserts ou à lutter contre la désertification, avec pour objectif final de limiter le réchauffement climatique et d’aider au développement durable dans les pays émergents. (Lire les articles de Futura Sciences ici et de Maxisciences ici, voir le site du projet ici)

Rural family in their field harvesting crop. India - Photo: World Bank

Rural family in their field harvesting crop. India - Photo: World Bank

Les conséquences cachées du changement climatique en Inde

Durant les dix dernières années, suite à une succession de mauvaises récoltes, plus de 200 00 agriculteurs se sont donné la mort en Inde. Une tragédie silencieuse, probablement encore sous-estimée, alors que le pays est touché par une sécheresse de longue durée. Des familles qui jusqu’à là pouvaient encore envoyer leurs enfants dans les écoles sont tombées dans la pauvreté et font face à des dettes importantes. Privées de leurs terres, elles viennent peupler par millions les bidonvilles des mégalopoles indiennes, pendant que les villages se vident.

Les causes de cette situation sont complexes. Une moitié des suicides a eu lieu dans les régions où est cultivé le coton – que l’État indien a cessé de subventionner récemment et où des graines génétiquement modifiées ont été introduites par la firme Monsanto. Mais au-delà de ces aspects politiques et économiques, le climat, déjà problématique dans ce pays coincé entre l’Himalaya au nord et entre deux océans au sud, a été particulièrement peu fiable ces dernières années. Une sécheresse de dix ans s’est terminée seulement cette année au Rajasthan et la mousson a manqué à l’appel trois fois durant la dernière décennie dans tous le pays.

Alka Awasthi, de l’ONG Cecoedeon consacrée à la pauvreté rurale, demande : « A quel moment les données scientifiques vont-elles converger avec les histoires réelles ? Pourquoi les scientifiques ne viennent-ils pas écouter les personnes qui travaillent avec la pluie ? Ils n’ont pas idée de ce à quoi est confrontée une femme paysanne ici ». Prabhati Devi, mère de sept enfants, a vu quatre d’entre eux partir en ville. « Il y a vingt ans, nous pouvions cultiver tout ce dont nous avions besoin et même vendre le surplus. Maintenant, nous ne pouvons plus cultiver de blé, plus de légumineuses, même pas des carottes, parce qu’il n’y a pas assez d’eau. Alors nous allons dans les villes chercher de l’argent. » (Lire l’article de l’Independent ici, en anglais)

Bourdon - Photo : ComputerHotline

Bourdon - Photo : ComputerHotline

La disparition des bourdons inquiète

Depuis ces vingt dernières années, on a constaté une importante disparition des bourdons en Europe et aux États-Unis. Sur les quinze espèces connues de bourdons, on en compte quatre qui ont chuté de plus de 90%. Les bourdons sont essentiels à la pollinisation des plantes sauvages et des récoltes, à tel point qu’en Europe, au Japon et en Israël, il existe des industries d’élevage de bourdons. Les abeilles sont elles aussi sont touchées depuis maintenant cinq ans. Ce phénomène, appelé CCD (« Colony Collapse Disorder ») ou Syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles n’a pas encore trouvé d’explication définitive, mais on sait maintenant qu’il est lié aux pesticides, à un ou des virus et au changement climatique. (Lire l’article de Maxisciences ici)

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