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Fossé numérique, delta du Niger, compteurs intelligents, services économiques des écosystèmes

Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée au fossé numérique, à la marée noire permanente dans le delta du Niger, à l’ampleur de la marée noire dans le Golfe du Mexique, aux compteurs intelligents qui permettront des économies d’énergie mais aussi des révélations sur nos habitudes de vie, aux environnements naturels et les services équivalents au PNB mondial qu’ils offrent et au changement climatique qui fait déjà migrer les plantes.

India girls - Photo : One Laptop per Child

Ulaanbaatar, Mongolia - Photo : One Laptop per Child

Le retour en force du fossé numérique

Pour Alan W. Silberberg, auteur du blog IdeaGov et consultant sur les questions de gouvernance numérique et démocratie participative, le fossé numérique, notion développée au début des années 2000, fait un retour en force, en devenant un problème de plus en plus brûlant qui affecte de plus en plus de personnes dans le monde. La progression rapide vers une société fondée sur des besoins technologiques laisse de nombreuses personnes sur le bord de la route, y compris aux États-Unis. Le fossé numérique se creuse là où les personnes ne disposent pas des trois fondamentaux de cette société : un téléphone mobile, un accès Internet facile, un ordinateur en état de marche. Dans les pays en voie de développement, la croissance du téléphone portable est très importante dans certaines régions, mais cela reste le seul moyen de communication et il y a peu d’accès au web et peu de communication par e-mails.

Il y a d’importantes implications politiques derrière ce fossé croissant, p.ex. en terme de politique électorale. Pour que les projets ne tombent pas dans ce fossé numérique, pour que le fossé numérique et le gouvernement 2.0 soient pris en compte en même temps, l’auteur fait quatre propositions :

  • Des fondations et des gouvernements nationaux devraient donner des sac à dos solaires aux enfants des pays en voie de développement, qui fourniraient l’énergie pour leurs appareils électroniques.
  • Aux États-Unis, aucun programme gouvernemental 2.0 ne devrait être financé sans qu’il ne traite la question du fossé numérique et de l’accès à l’information de cette population exclue
.
  • Les pays industrialisés devraient recycler plus efficacement l’électronique, les téléphones mobiles et les ordinateurs, pour créer un marché d’occasion qui permette l’équipement des foyers à faibles revenus et des régions rurales.
  • Les responsables politiques devraient utiliser leur connaissance du fossé numérique pour inclure plus de personnes, et non pour en exclure davantage.

(Lire l’article sur IdeaGov ici, en anglais)

Niger Delta oil disaster

Niger Delta oil disaster

Ignoré du monde, le delta du Niger subit une marée noire permanente depuis 50 ans

Alors que tous les yeux sont tournés vers la catastrophe du Golfe du Mexique, plusieurs articles rappellent le lourd tribut que d’autres régions du monde payent à l’économie pétrolière. Parmi ceux-là, le delta du Niger est de loin la région de la planète la plus polluée par le pétrole.

On estime que tous les ans, les fuites de pétrole et déversements d’hydrocarbure dans le réseau de pipelines du delta du Niger dépassent le volume de la marée noire dans le Golfe jusqu’à présent. Selon une étude conjointe du WWF UK, de la World Conservation Union, du gouvernement fédéral et de la Nigerian Conservation Foundation en 2006, la pollution de pétrole sur les 50 derniers années serait 50 fois plus importante que la marée noire de l’Exxon Valdez en Alaska, sans que personne ne s’en inquiète. Selon les chiffres du gouvernement nigérian, il y a eu plus de 7000 déversements d’hydrocarbures entre 1970 et 2000 et il y a 2000 sites majeurs recensés avec de nombreux petits autres qui attendent toujours d’être nettoyés. Plus de 1000 plaintes ont été déposés rien que contre Shell, principale compagnie sur place.

Les déversements et fuites, dus à des infrastructures défectueuses et souvent vieilles de 40 ans, restent sans réparations pendant des semaines et les populations ne reçoivent ni aides ni indemnités. Dans un environnement totalement pollué, l’espérance de vie dépasse à peine 40 ans sur les deux dernières générations. Le pétrole pollue l’eau et les terres et détruit donc les moyens de subsistance de la population locale, qui vivait de pêche et d’agriculture. « Les populations vivant dans les zones de production du pétrole dans le delta du Niger doivent utiliser une eau polluée pour boire, cuisiner et se laver. Elles consomment du poisson contenant des hydrocarbures et d’autres toxines (lorsqu’elles ont la chance de trouver du poisson), et les terres qu’elles utilisent pour l’agriculture sont détruites », indique Amnesty International dans un rapport, Pétrole, pollution, pauvreté et violations des droits humains dans le delta du Niger publié en 2009.

Amnesty dénonce les violations des droits de l’homme par les compagnies pétrolières qui restent largement au-dessus des lois: « Le delta du Niger constitue un exemple frappant du manque de responsabilité d’un gouvernement envers son peuple, et d’entreprises multinationales n’ayant pratiquement aucun compte à rendre quand leurs activités portent atteinte aux droits humains. » Face à la marée noire dans le Golfe de Mexique, les habitants du Delta sont incrédules devant l’implication des gouvernants, alors que leur souffrance reste sans réponse depuis des décennies. « Si l’accident du Golfe aurait eu lieu au Niger, ni le gouvernement ni la compagnie n’y auraient vraiment prêté attention, dit l’écrivain Ben Ikari, un membre du peuple Ogoni. Ce genre de marée noire arrive en permanence dans le Delta. »

Pour Judith Kimerling, professeur à l’Université de New York et auteure d’une livre sur l’exploitation pétrolière en Équateur, « les déversements, les marées noires, le dégazage délibéré ont lieu en permanence sur les champs pétrolifères du monde entier et peu de personnes ne s’en préoccupent. » C’est comme si ces compagnies pétrolières étaient au-dessus des lois. Pour Nnimo Bassey, directeur de Friends of the Earth au Nigeria, « l’exemple du Golfe du Mexique montre qu’elles sont hors contrôle. C’est clair que BP a bloqué une législation progressiste, à la fois aux États-Unis et au Nigeria. Elles sont un danger pour la planète. Le risque que cela se reproduise encore et encore est très élevé. Elles doivent répondre devant une cour de justice internationale. » (Lire les articles du Guardian ici et de l’Express ici)

Scènes de la marée noire du Golfe de Mexique

Une quarantaine de photos illustre les conséquences désastreuses de la marée noire sur la faune, la flore et les habitants des côtes du Golfe de Mexique. (Voir les photos de Boston.com ici)

Simulation / Marée noire France

Un site pour se rendre compte de la taille de la marée noire

Le site internet « If it was my home » [Si c’était chez moi] permet de visualiser la taille de la marée noire dans le golfe du Mexique. On peut choisir un lieu sur une carte et réaliser l’entendue de la nappe de pétrole qui s’y superpose automatiquement. (Lire l’article sur France 24 ici)

Green power - Photo : S Migol

Green power - Photo : S Migol

Les compteurs intelligents, entre écologie et Big Brother

Les grands distributeurs d’électricité et de gaz remplacent actuellement les anciens compteurs par des « smarts meters », les compteurs dits « intelligents ». Ces « smarts meter » mesurent la consommation énergétique d’un foyer ou d’une entreprise avec bien plus de précision que les compteurs ordinaires et livrent en temps réel le détail de la consommation énergétique de chaque appareil électroménager. Ils permettent aussi de calculer les émissions de CO2 résultant de cette consommation. Les particuliers et les entreprises peuvent ainsi mieux se rendre compte de leur consommation, l’optimiser, éliminer les usages superflus et donc réaliser des économies. Les distributeurs d’électricité et de gaz pourront moduler leurs prix en fonction de l’heure ou de la saison d’usage, pour inciter les consommateurs à consommer en dehors des périodes de pointe.

Les bénéfices écologiques de cette nouvelle génération de meters sont évidents. Mais le détail de notre consommation énergétique révèle aussi beaucoup de nos habitudes et rythmes de vie et les smarts meters pourront se révéler de véritables petits espions dans nos maisons. Des ONG s’inquiètent de la mise en place de d’une surveillance généralisée, « orwellienne », des citoyens ou de la revente de ces données privées à des entreprises commerciales qui pourront cibler précisément les comportements des consommateurs. Dans un article paru dans la revue Science, des chercheurs proposent au contraire de mettre ces données à disposition de la science de façon anonyme, qui pourrait les étudier dans le domaine médical (corrélation de certaines maladies et l’utilisation du micro-ondes p.ex.) (Lire l’article de Fondapol ici)

Les environnements naturels offrent des « services » équivalents au PNB mondial

Dans une étude publiée pour la Journée Mondiale de l’Environnement, le PNUE a estimé que les environnements naturels fournissent chaque année des « services » d’une valeur équivalente à la production mondiale brute, soit entre 21 et 72 000 milliards de dollars. Il souligne que deux tiers de ces écosystèmes sont déjà endommagés, qu’il s’agisse de marais, de mangroves, de récifs coralliens, de forêts ou des sols tropicaux. « Dans le passé, ces services n’étaient jamais ou pratiquement jamais comptabilisés au niveau national ou international. Cela devrait et doit changer », a déclaré le directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner.

La préservation des écosystèmes, 10 fois moins chère que leur restauration, devrait être une priorité. Néanmoins, la restauration, même si elle ne permet que de récupérer 25 à 44% des services originels fournis, reste importante. Ainsi, « les zones humides et les forêts peuvent être jusqu’à 22 fois plus efficaces que d’investir dans les systèmes de traitement d’eau », a indiqué Christian Nelleman, directeur d’études pour ce rapport. (Lire l’article des Échos ici)

We will survive - Photo : HORIZON

We will survive - Photo : HORIZON

Le changement climatique pousse déjà la végétation vers les pôles et l’équateur

Un nouveau rapport paru dans Global Ecology and Biogeography indique que la végétation à travers le monde a déjà commencé à migrer en raison du changement climatique. En fait, depuis le 18e siècle, il y a 15 cas connus de migrations de biomes (ensemble d’écosystèmes), qui se sont déplacés à cause des modifications dans la température et les précipitations. Plus que l’activité humaine immédiate, ce sont les changements climatiques qui engendrent ces modifications de la végétation qui se déplace vers des régions plus froides (en direction des pôles) ou plus humides (vers l’équateur) – un phénomène qui risque donc de se renforcer encore avec le réchauffement climatique annoncé.

Selon les estimations et dépendant de notre capacité à réduire nos émissions de gaz à effets de serre, un dixième ou une moitié des terres sur la planète seront affectées par la migration des plantes due au climat, d’ici à la fin du siècle. L’auteur de l’étude, Patrick Gonzales, estime que nous serions avisés de protéger des régions plus « résiliantes » (moins vulnérables d’un point de vue écologique), pour servir de refuge pour les plantes et les animaux. Quant aux hommes, il rappelle qu’il y a un milliard de personnes qui vivent dans les régions les plus vulnérables. Leur vie et leur culture sont mises en danger, dans la mesure où ils sont, comme tous les êtres humains, dépendants de leur environnement pour leur survie. (Lire l’article de Treehugger ici, en anglais)

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