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Disparition des abeilles, éco-bilan livre électronique, marée noire, futur durable

Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée à l’éco-bilan comparé du livre papier et du livre électronique, à la probable responsabilité des téléphones mobiles dans l’effondrement des populations d’abeilles, aux zones mortes sous-marines créées par la marée noire dans le Golfe du Mexique, à la démarche de l’Équateur qui veut protéger un haut-lieu de la biodiversité contre l’exploitation pétrolière mais contre des compensations financières internationales et aux réflexions d’un environnementaliste américain sur la transition vers un futur plus durable, qui sera également plus heureux.

European Honey Bee Touching Down - Photo : autan

European Honey Bee Touching Down - Photo : autan

Les téléphones mobiles responsables de la disparition des abeilles

Le déclin rapide des populations d’abeilles à travers le monde alarme apiculteurs et scientifiques depuis plusieurs années. Ils ne le relient généralement pas une seule cause, mais à une combinaison de plusieurs facteurs, tels que les pesticides, le changement climatique ou les cultures de plantes génétiquement modifiées.

Une nouvelle étude de l’université du Punjab en Inde a directement mis en cause l’utilisation des téléphones mobiles et la pollution électromagnétique qu’elle engendre. Dans une expérience, les scientifiques ont comparé deux ruches, dont l’une a été placé à proximité de deux téléphones mobiles, allumés à raison de 15 minutes deux fois par jour pendant trois mois. Après ces trois mois, les chercheurs ont constaté un déclin important dans la ruche équipée de mobiles, en termes de population et d’œufs pondus par la reine. Les abeilles ont également cessé de produire du miel et les ouvrières étaient moins nombreuses à revenir à la ruche après avoir collecté du pollen, réduisant ainsi le volume de nectar produit par la ruche.

Les auteurs du rapport soulignent que « l’utilisation croissante de gadgets électroniques crée une pollution électrique dans l’environnement. Le comportement et la biologie des abeilles sont affectés par l’ « électrosmog », ces insectes ayant de la magnétite dans leur corps qui les aide dans leur orientation ». Néanmoins, des apiculteurs anglais rappellent qu’il y a des ruches à Londres, où il y a une forte concentration de téléphones mobiles, et soupçonnent eux aussi plutôt une multiplicité de facteurs à l’origine de l’effondrement des populations. (Lire l’article ici, en anglais)

Oil Slick in the Gulf of Mexico May 17th View - Photo : NASA Goddard Photo and Video

Oil Slick in the Gulf of Mexico May 17th View - Photo : NASA Goddard Photo and Video

La marée noire crée d’immenses ‘zones mortes’ sous l’océan

D’immenses traînées de pétrole et de dispersants chimiques se sont formées dans le Golfe de Mexique suite à l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon le 20 avril dernier. Si les oiseaux mazoutés et les côtes souillés sont les signes les plus spectaculaires de cette marée noire, c’est la pollution sous-marine qui risque d’être la plus dévastatrice sur le long terme, selon les océanographes et toxicologues. L’ensemble de la chaîne alimentaire risque de subir cette pollution pendant des années et d’immenses zones mortes vont se créer desquelles aucune vie marine ne pourra réchapper.

Dans les précédentes marées noires, le pétrole est remonté à la surface et y était traité d’une façon ou d’une autre. Ici, en raison de l’utilisation des dispersants chimiques, ainsi que du poids de cette sorte particulière de pétrole et de la pression due à la grande profondeur de la fuite, la plus grande partie du pétrole est restée sous l’eau, sous forme de nuages de particules. Mais l’utilisation de 800 000 gallons de dispersant chimique, pour éviter que le pétrole n’atteigne les côtes, risque de créer des dommages bien plus irréversibles à la vie sous-marine, une fois qu’il est entré dans la chaîne alimentaire. Le plancton et les petites crevettes, enrobés de cette mixture chimique, seront mangés par les poissons plus grands, passant ainsi les toxines à chaque membre de l’écosystème. « Nous verrons bientôt les animaux morts. Requins, dauphins, tortues marines, baleines : l’impact sur les prédateurs va vite être visible, puisque la chaîne alimentaire est contaminée à sa base », indique Dr Susan Shaw, toxicologue au Marine Environmental Research Institute. Elle est horrifiée par l’utilisation des dispersants. « Le volume répandu est sans précédent. Le plus toxique d’entre eux, le Corexit 9527, est aussi le plus utilisé. Il détruit les cellules rouges du sang et crée des saignements internes chez les poissons. Avec 800 000 gallons, on peut imaginer l’impact mortel. »

Le moment de cette pollution ne pouvait lui aussi être pire : la plupart des animaux sont en pleine période de reproduction. La pollution n’affectera donc pas seulement les animaux adultes, mais également les jeunes, et donc potentiellement le cycle de vie d’une génération entière. Pour des espèces menacées, cela peut sonner le glas de leur extermination : le thon fraie juste au sud de la marée noire et uniquement là. S’il traverse un nuage de pollution à ce moment critique, l’espèce peut tout simplement disparaître.

Personne ne sait quand et si ces traînées toxiques sous-marines remonteront à la surface. Une deuxième marée noire risque de se produire. Les courants peuvent pousser les marées toxiques jusqu’aux côtes de Floride et y endommager l’industrie de pêche et les récifs coralliens centenaires. (Lire l’article ici, en anglais)

Yasuni National Park - Photo : joshbousel

Yasuni National Park - Photo : joshbousel

Équateur : Quand la biodiversité a un prix

Le gouvernement équatorien s’est engagé à ne pas exploiter un gisement pétrolier important situé dans le parc Yasuni en forêt amazonienne, s’il obtient une compensation financière de 350 millions de dollars annuels pendant 10 ans. Au nom d’une «dette écologique» du Nord envers le Sud et pour protéger la biodiversité locale, l’Équateur demande à être indemnisé pour l’équivalent des 850 millions de barils qui reposent dans les sous-sols. Un accord cadre a été signé à Copenhague, mais peu de pays ont encore annoncé leur participation au projet (l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne).

Le parc naturel Yasuní a été reconnu par des scientifiques du monde entier comme étant la zone de plus grande biodiversité de la planète et a été déclaré Réserve mondiale de la biosphère par l’UNESCO : il abrite 2 244 espèces d’arbres, 567 espèces d’oiseaux, 105 espèces d’amphibiens, 83 espèces de reptiles, 382 espèces de poissons, plus de 100 000 espèces d’insectes. Il est également le territoire de trois peuples indigènes dont le mode de vie est menacé dans le cas d’une exploitation des gisements pétroliers.

Cette démarche est une première mondiale, qui s’inscrit dans un certain nombre d’approches cherchant à valoriser la prix de la biodiversité : coût des services rendus par l’espèce, coût de réparation des dégâts sur la nature, manque à gagner de la non-exploitation d’une ressource… Les fonds reçus par l’Équateur seraient investis dans des projets écologiques : protection de l’Amazonie, développement d’énergies renouvelables, recherche scientifique etc. Néanmoins, se pose la question éthique : donner un prix au vivant, est-ce la seule solution pour le respecter ? (Lire l’article ici)

par

Nasa

Le chemin vers un futur plus durable – entretien avec l’environnementaliste américain David Orr

Dans une interview accordée au site Yale Environnement 360, l’environnementaliste américain David Orr aborde sa vision de la transition vers une économie durable. Selon lui, pour effectivement contrer le réchauffement climatique, des pays développés comme les États-Unis devront réduire leurs émissions de gaz à effets de serre de 90% dans les 40 prochaines années, ce qui signifie que la production moyenne de CO2 par Américain devra passer de 22 tonnes par ans, à une ou deux tonnes. Pour y parvenir, il énumère un certain nombre de mesures politiques et économiques, tels que les taxes carbone, la valorisation de l’efficience énergétique des véhicules et bâtiments et la suppression de nombreuses barrières, institutionnelles, financières ou fiscales qui empêchent de s’aligner avec ces objectifs. Il soutient qu’investir fortement dans une politique économique verte est favorable sur plusieurs plans, permettra de réduire le chômage et tirer profit de ce que les Américains savent le mieux faire : innover et créer de nouvelles technologies. Interrogé sur le coût de cette transition énergétique, Orr répond que nous le payons déjà : l’énergie bon marché p.ex. ne répercute pas les coûts collatéraux sur la facture d’électricité, mais ils sont payés ailleurs : comme problèmes de santé, en perte de productivité, en dégradation de l’environnement ou pollution de l’eau.

Au-delà des mesures concrètes, David Orr interroge le style de vie occidental. Malgré un niveau de vie élevé, la vie n’apparaît pas si douce à la plupart des Américains. Même si le PIB augmente, la course effrénée à la consommation et davantage d’argent n’a pas apporté le bonheur, mais au contraire créé un fort sentiment d’inquiétude. La croissance économique a produit plus d’objets [« stuff »] que nous n’en avions besoin, plus d’attentes qu’elle ne pouvait satisfaire, plus de déchets que l’environnement ne peut absorber et plus d’ennuis que nécessaire. Les études sur le bonheur mettent en évidence qu’il ne dépend au contraire que peu des « choses matérielles », une fois que les besoins élémentaires sont satisfaits, mais plutôt de l’amitié et des relations sociales qu’entretient un individu. Orr voit des signaux d’un changement et d’une prise de conscience dans des mouvements, type ‘locavores’, ‘slow food’, ‘simplicité volontaire’ ou le nouvel urbanisme, ainsi que dans la plus grande sensibilité verte des jeunes générations. Pour lui, le mouvement est engagé, bien que pas assez rapidement, de l’hyper-individualisme et du consumérisme vers un style de vie plus durable et davantage tourné vers la communauté.

L’effondrement du marché immobilier américain lors de la crise des subprimes a aussi montré le caractère non durable de cet urbanisme des banlieues, obligeant à des heures de transport et isolant les individus. Un nouvel urbanisme, plus concentré autour des villes, qui sont animées 24 heures sur 24, accessibles aux piétons et aux vélos et disposant de parcs, commerces et écoles à proximité, correspond davantage à la psychologie humaine et nos besoins de sociabilité que les villes dortoirs. Orr s’interroge sur comment la politique et les marchés peuvent fonctionner ensemble : Le marché est le lieu où chacun dit « moi ». La politique, où sont décidées les choses publiques et le bien commun, est le lieu du « nous », le « nous » d’une même génération et société, mais aussi celui de nos petits-enfants et des générations futures. La politique d’urbanisation doit échapper à l’hyper-individualisme, « qui veut tout et pense avoir droit à tout » et doit intégrer la prise en compte du bien commun. (Lire l’interview ici, en anglais)

Livre traditionnel ou Livre numérique : quel est le plus écologique ?

Match serré entre le livre papier et le livre numérique si l’on compare leur empreinte écologique. Explications dans cette vidéo de l’Ademe.

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