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L’eau insalubre plus meurtrière que la guerre, bidonvilles, Afrique et climat

Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée à l’eau insalubre et son coût en vies humaines, à l’expansion des bidonvilles, au barrage qui menace les peuples de la vallée de l’Omo en Éthiopie, aux papillons, scarabées et libellules sur Liste Rouge en Europe et à une étude qui montre que le Gulf Stream ne ralentit pas.

People gathering water in Kenya - Photo : Curt Carnemark / World Bank

People gathering water in Kenya - Photo : Curt Carnemark / World Bank

L’eau insalubre plus meurtrière que la guerre

Selon une étude commandée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUD) à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau en mars, l’eau souillée et l’absence d’installations sanitaires sont responsables de plus de morts que toutes les formes de violences y compris les guerres. Pour Ban Ki-Moon, « ces morts sont un affront à notre humanité commune et sapent les efforts de nombreux pays pour réaliser leur potentiel de développement ». « L’eau propre est devenue rare et le deviendra encore plus avec les changements climatiques », a ajouté le Secrétaire général. Le rapport met l’accent sur le thème de la qualité de l’eau. De nombreuses ressources en eau sont en effet polluées ou gaspillées suite à une mauvaise gestion.

Voilà les principales conclusions du rapport :

  • 2 millions de tonnes d’eaux usées non traitées et de déchets industriels et agricoles sont déversées tous les jours dans les eaux de la planète.
  • 1 enfant de moins de 5 ans meurt toutes les 20 secondes d’une maladie d’origine hydrique.
  • Plus de 50 % des eaux traitées sont perdues à travers des fuites.
  • 900 millions de personnes à travers le monde n’ont pas accès à de l’eau propre.
  • 2,7 milliards de personnes n’ont pas accès à des installations sanitaires.
  • Un investissement de 20 millions de dollars dans des technologies à faible coût, comme l’irrigation au goutte-à-goutte et les pompes à pédale, pourrait sortir 100 millions de familles paysannes de la pauvreté extrême.

Un rapport conjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), également publié en mars 10, rappelle que l’absence de systèmes d’assainissement a des conséquences cruciales sur la santé. C’est « l’un des principaux facteurs de développement des deux grands tueurs d’enfants, la pneumonie et la diarrhée », explique la responsable de l’eau et de l’assainissement environnemental à l’Unicef, Clarissa Brocklehurst. « On estime que 1,5 million d’enfants en dessous de cinq ans meurent chaque année d’une maladie liée à la diarrhée. Et 88 % de ces décès sont dus à de mauvaises installations sanitaires », ajoute-t-elle en insistant : « L’hygiène a un rôle clé pour réduire le nombre de ces décès. » (Lire les articles ici, ici en anglais et ici)

http://www.flickr.com/photos/edgarasencios/3030519403/

Al pie del cerro San Cristobal, Pérou

Les bidonvilles continuent de s’étendre dans le monde

Selon un rapport des Nations Unies publié en mars, le nombre de personnes résidant dans des bidonvilles a augmenté, passant de 777 millions en 2000 à près de 830 millions en 2010, et ce, malgré le fait que 227 millions de personnes aient quitté les bidonvilles depuis 2000, soit plus du double des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les situations ne sont pas égales selon les régions, l’Afrique subsaharienne abrite près du quart de la population des bidonvilles du monde, avec 200 millions de personnes, alors que les pays émergents enregistrent quelques progrès. Mais faute de mesures draconiennes, avertit le rapport, la population des bidonvilles dans le monde augmentera probablement de 6 millions par an pour atteindre près de 900 millions en 2020.

Un peu plus de la moitié de la population mondiale, soit près de 3.5 milliards d’individus, vit aujourd’hui en milieu urbain. Le rapport met l’accent sur le thème « Combler les inégalités urbaines » et prône des politiques inclusives pour permettre l’accès général à un logement décent, aux transports, à l’éducation, aux loisirs, à la communication, à l’emploi et à la justice. « Parvenir à un développement urbain durable peut se révéler impossible si on laisse la fracture urbaine non seulement perdurer, mais aussi continuer à croître, creusant un fossé énorme, et même dans certaines villes un gouffre, une plaie ouverte, qui peut engendrer l’instabilité sociale ou en tout cas générer des coûts sociaux et économiques non seulement pour les citadins pauvres, mais pour la société en général », écrit Mme Tibaijuka, directrice exécutive de l’Agence des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat). (Lire l’article ici)

On the banks of the River Omo - Photo : CharlesFred

On the banks of the River Omo - Photo : CharlesFred

Un barrage géant menace les peuples de la vallée de l’Omo en Éthiopie

Un barrage géant menace les conditions de vie de 500 000 personnes dans le sud de l’Éthiopie et le nord du Kenya, dont 200 000 autochtones (dont les Kwegu). Avec un mur de 240 mètres de haut, le lac-réservoir du barrage s’étendra sur 150 km et la puissance délivrée par cet ouvrage colossal sera de 1 870 mégawatts (MW), soit l’équivalent de deux réacteurs nucléaires. Mais la construction du barrage, le plus grand jamais réalisé en Afrique, a été entamé en 2006 sans consultation des habitants de la région, sans appel d’offres et en violation de plusieurs Conventions internationales, notamment sur les droits des populations indigènes. Outre la destruction des pêcheries, le barrage Gibe 3 conduira à l’inondation de terres agricoles et au déplacement forcé de centaines de personnes. Il interrompra la crue naturelle de l’Omo qui dépose le limon fertile sur ses berges, avec des conséquences dévastatrices sur les moyens de subsistance des riverains qui y pratiquent une agriculture de décrue. De plus, le barrage détruirait la basse vallée de l’Omo, site préhistorique de renommée mondiale, et l’écosystème du lac Turkana, tous deux inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le gouvernement éthiopien projette de céder de grandes parties des territoires indigènes de la vallée de l’Omo à des compagnies et des gouvernements étrangers pour y pratiquer l’agriculture à grande échelle, dont celle d’agrocarburants qui sera irriguée par l’eau du barrage.

Un collectif d’ONGs s’est mobilisé contre ce projet et a lancé une pétition. Stephen Corry, directeur de Survival International, explique : « Le barrage Gibe 3 sera un véritable désastre pour les peuples de la vallée de l’Omo. Leurs terres et leurs modes de vie seront anéantis et peu d’entre eux savent ce qui les attend. Le gouvernement a violé la Constitution éthiopienne et le droit international dans le processus d’acquisition. Aucune instance respectable ne devrait financer ce redoutable projet. » (Lire l’article ici, signer la pétition ici).

Selon une enquête, les Africains s’accusent du changement climatique

Une enquête menée par la BBC et le British Council auprès de 1000 citoyens africains dans 10 pays a révélé une conscience aiguë d’un changement du « temps » qui affecte leur vie. Mais alors que les conséquences en sont ressenties par tous, les causes ne sont pas reliées à des facteurs globaux, tels que les émissions de CO2. Les personnes interviewées sont peu nombreuses à avoir entendu parler de réchauffement climatique, mais endossent la responsabilité notamment des sécheresses qu’ils constatent dans leur environnement. Ainsi, la plupart des Africains interviewés s’accusent eux-mêmes et leur communauté pour avoir dégradé l’environnement et quelques-uns voient dans le changement du climat une punition divine. Pour rappel, l’ensemble de l’Afrique est responsable de seulement 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Comme le souligne la BBC, cela devient un truisme que ceux qui ont contribué le moins au changement climatique vont être les premiers à en sentir les conséquences, que ce soit les pays africains ou les États insulaires. Il est tristement ironique de constater que malgré une vision simplifiée et une ignorance des mécanismes d’un point de vue scientifique, les Africains adhèrent à l’idée que l’activité humaine, telle que la déforestation, influe sur le climat, alors que les Occidentaux, à l’origine de destructions à des niveaux autrement plus importants, en réfutent la responsabilité pour un grand nombre d’entre eux. (Lire l’article ici)

Machaon ou Grand Porte-Queue - Photo : Le No

Machaon ou Grand Porte-Queue - Photo : Le No

UICN : papillons, scarabées et libellules menacés par la disparition de leur habitat

D’après la dernière Liste Rouge européenne, commandée par la Commission européenne, 9% des papillons, 11% des scarabées dépendants du bois mort et 14% des libellules sont menacés d’extinction sur le vieux continent, et ce, principalement en raison de la disparition de leur habitat. Dans le cas des papillons, la plupart des espèces menacées sont regroupées dans le sud de l’Europe et leur habitat disparaît le plus souvent suite aux changements des pratiques agricoles, à cause du changement climatique, des feux de forêt et de l’expansion du tourisme. Pour les libellules, également plus menacées au sud, les étés de plus en plus chauds et secs combinés à l’intensification de l’extraction de l’eau pour la consommation et l’irrigation ont conduit à un assèchement significatif de leur habitat. Les scarabées, essentiels pour leur rôle dans le recyclage des nutriments, sont victimes de la déforestation et du déclin d’un grand nombre d’arbres matures.

« Quand on parle des espèces menacées, les gens ont tendance à penser aux créatures plus grandes et charismatiques telles que les pandas ou les tigres, mais nous ne devons pas oublier que les petites espèces de notre planète sont toutes aussi importantes, et ont également besoin de mesures de conservation. Les papillons, par exemple, jouent un rôle pivot en tant que pollinisateurs dans les écosystèmes dans lesquels ils vivent », indique Jane Smart, directrice du Groupe pour la Conservation de la Biodiversité de l’UICN. « L’avenir de la nature est notre avenir, et s’il s’écroule, nous nous écroulerons aussi », a déclaré le Commissaire à l’environnement de l’Union européenne, Janez Poto

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