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Femmes, Xynthia, méthane, continent de déchets, infertilité

Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée aux conséquences du réchauffement climatique qui touchent plus durement les femmes, à la tempête Xynthia et aux prévisions de hausse du niveau marin, au méthane qui s’échappe du fond de l’océan Arctique, au continent de déchets découverts dans l’océan Atlantique et à la progression de l’infertilité chez les hommes.

Bangladesh - women moves with children after Cyclone Aila hits - Photo : Abir Abdullah /Oxfam

Bangladesh - women moves with children after Cyclone Aila hits - Photo : Abir Abdullah /Oxfam

Le réchauffement climatique touche plus durement les femmes

Selon une étude du Women Environmental Network en Angleterre, le sort des femmes devant le changement climatique est loin d’être le même que celui des hommes. Plus 10 000 femmes meurent tous les ans suite à des catastrophes météorologiques tels que les tempêtes et les sécheresses, contre 4 500  hommes. Les femmes représentent 20 millions sur les 26 millions de personnes considérées comme réfugiés climatiques. Ces écarts sont plus importants dans les pays où il n’y a pas d’égalité entre les sexes, selon une autre étude qui porte sur les conséquences des catastrophes climatiques dans 141 pays.

Ainsi, lors du cyclone qui a touché le Bangladesh en 1991, les victimes féminines étaient cinq fois plus nombreuses que les victimes masculines. Les femmes ne savaient pas nager, se déplaçaient plus difficilement à cause de leurs vêtements inadaptés et elles étaient nombreuses à quitter leur maison trop tardivement, parce qu’elle attendaient un homme pour les accompagner. Les hommes au contraire s’étaient alertés mutuellement dans les espaces publics, mais n’ont pas pu transmettre l’information dans leurs familles.

Les femmes subissent aussi plus durement les effets du dérèglement climatique dans leur vie quotidienne. Ainsi, dans de nombreux pays en voie de développement, le manque d’eau dû à la sécheresse oblige les femmes de marcher de plus en plus loin pour trouver de l’eau (ou d’autres ressources, tels que le bois). Cela signifie que les enfants, et le plus souvent les fillettes, sont privés d’école, obligés de participer à ces tâches épuisantes. C’est aussi aux femmes que revient la charge de s’occuper des membres de la famille touchés par des maladies liés au changement climatiques, respiratoires ou tropicales p.ex. Même dans les pays développés, les femmes, plus pauvres, sont touchées plus durement par la hausse des prix, les risques sanitaires ou les vagues de chaleurs.

Face à ce constat, il est ironique de noter que les femmes ont une empreinte carbone moins importante que les hommes et qu’elles s’impliquent plus fortement dans des projets communautaires visant à réduire les émissions. Et au niveau national, parmi les 16 pays énumérés par le PNUE comme ayant un taux de développement humain fort et comme ayant réduit leurs émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2004, 13 ont une proportion d’élues femmes plus importante que la moyenne.

Pour la fondatrice de WEN, Bernadette Vallely, « si des mesures ne sont pas prises, le changement climatique va exacerber l’inégalité entre les sexes et va réduire les chances d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. […] En donnant aux femmes une voix plus importante dans les prises de décisions sur l’action climatique et en agissant en faveur de l’égalité des sexes, on pourra non seulement éviter un désastre climatique mais aussi progresser vers une société plus équitable. » (Lire les articles ici et ici, en anglais)

LAiguillon-sur-Mer (Vendée) France, 28/02/2010 - Planète Vivante

L'Aiguillon-sur-Mer (Vendée) France, 28/02/2010 - Planète Vivante

Xynthia, un avant-goût des effets du réchauffement climatique ?

La tempête Xynthia qui a touché la France fin février et causé la mort de plus de 50 personnes était le fruit de la conjonction de plusieurs phénomènes et personne ne se hasardera à l’imputer directement au réchauffement climatique. Mais de nombreux spécialistes s’accordent à dire que les inondations qu’elle a engendrées donnent une idée de ce qui nous attend face à l’augmentation du niveau de la mer.

Le GIEC a annoncé dans son dernier rapport une élévation du niveau marin d’1 m d’ici la fin du siècle en conséquence du réchauffement climatique. Mais ces prévisions avancées pour 2100  sont «une limite inférieure […] car elles ne tiennent compte que du réchauffement futur de l’océan et de la fonte prévue des glaciers de montagne. Les phénomènes liés à l’instabilité des calottes polaires, mis en évidence récemment, n’ont pas encore été pris en compte dans les modèles de climat du futur : les écoulement rapides des fleuves de glace ont été découvert durant la préparation du rapport du Giec.» L’élévation du niveau des mers sera progressive et différente selon les régions, mais il est certain qu’avec un niveau de base plus élevé, la fréquence des submersions ne pourra que croître et sera d’autant plus sensible lors de fortes tempêtes.

Pour France Nature Environnement (FNE) , la France doit mettre en place un plan stratégique face à ce phénomène de submersion et cartographier précisément les zones à risque. Selon les lieux, il s’agira de décider s’il faut mettre en œuvre une stratégie de conservation ou de repli. Si l’on prend l’exemple d’un haut lieu historique tel que le Mont Saint Michel, sa préservation engendrera des coûts importants qu’il faudra anticiper. « L’artificialisation du littoral et des zones inondables ne doivent se faire qu’en dernier recours si l’on estime que le bénéfice que l’on en retire justifie le coût continu de la stratégie. » Le repli, comme il est pratiqué déjà aux Pays-Bas et en Grande Bretagne, induirait, entre autres, de redéfinir la bande des 100 mètres (Loi Littoral), d’abandonner certaines zones de peuplements, voire même de laisser des marais maritimes se recréer en arrière des dunes, comme dans les Landes.

Michel Galliot, chargé de mission à Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) explique à Terra Eco, qu’en Languedoc-Roussillon, «l’élévation du niveau de la mer d’1 m affecterait 140 000 logements et que cela coûterait 15 et 35 milliards d’euros s’il fallait les déplacer. » Parmi les solutions, la première consiste à ne plus construire en zone inondable. « Ensuite ce sera un ensemble de solutions, comme la protection par des digues ou des systèmes d’évacuation des eaux, des maisons sur pilotis ou des systèmes flottants. »

Une grande partie de ces problématiques sera abordée dans Plan national d’adaptation au changement climatique, prévu par le Grenelle de l’Environnement, et qui doit être prêt pour 2011. Pour Michel Galliot, « il faudra prendre des décisions difficiles et il y a un gros travail au niveau de la population. » Et pour Sébastien Genest, président de FNE, « si l’on anticipe pas aujourd’hui les risques que pourront subir nos côtes, le réveil pourrait s’avérer encore une fois brutal. » (Lire les articles ici, ici et ici)

Fire and Ice - Photo : U.S. Geological Survey

Fire and Ice - Photo : U.S. Geological Survey

Du méthane s’échappe du fond de l’océan Arctique

Des chercheurs américains viennent de découvrir que le méthane s’échappe à un taux alarmant du plateau continental de Sibérie orientale. Jusqu’à présent, l’inquiétude s’était portée sur la fonte du pergélisol terrestre, causée par le réchauffement climatique, qui risque de produire un dégazage brutal de méthane, puissant gaz à effet de serre et véritable bombe climatique. On pensait que le pergélisol sous-marin était quant à lui protégé du dégel par la mer.

Mais dès 2008, les chercheurs avaient constaté des taux importants de méthane dans l’eau de mer au large du littoral sibérien. Une nouvelle étude fait état de nombreuses fuites d’une ampleur sans égale : « La quantité de méthane qui s’échappe actuellement du plateau arctique de la Sibérie orientale est comparable à celle qui s’échappe de l’ensemble des océans du monde. Le pergélisol sous-marin est en train de perdre ses caractéristiques de couvercle imperméable ». Les scientifiques ont estimé que les émissions qui s’échappaient des « trous » du pergélisol sous-marin s’élevaient à 7 millions de tonnes de méthane par an, soit 2% du total des émissions mondiales. La température de la lithosphère et celle de l’eau de mer font fondre le pergélisol par les deux bouts. Ce pergélisol troué laisse alors s’échapper le méthane qu’il retenait.

Le plateau continental de Sibérie orientale, riche en méthane, s’étend sur deux millions de kilomètres carrés et se trouve de surcroît à de faibles profondeurs (environ 50 mètres), le méthane qui s’en échappe n’a alors pas le temps de s’oxyder pour se transformer en CO2. «Personne n’avait tenu compte de cette immense zone », explique Natalia Shakhova de l’International Arctic Research Center. « Le relargage dans l’atmosphère de seulement 1% du méthane supposé stocké dans les dépôts d’’hydrate de faible profondeur pourrait multiplier l’effet actuel du méthane atmosphérique par trois ou quatre, ajoute-t-elle. Les conséquences climatiques d’un tel événement sont difficiles à prévoir. » L’absence d’études antérieures du pergélisol marin rend impossible de déterminer depuis quand ces fuites de méthane se produisent, ni si le réchauffement climatique peut en être la cause. Seule de plus amples données permettront d’en connaître les causes et d’évaluer le risque d’un emballement climatique à cause du méthane. (Lire l’article et consulter le schéma ici)

Ocean beach - Photo : Genista

Ocean beach - Photo : Genista

Un « continent » de déchets plastiques a été découvert dans l’Atlantique nord

Des océanographes de la Sea Education Association (SEA) ont découvert une gigantesque décharge flottante dans l’Atlantique nord. De la taille du Texas, elle se situe à 500 milles nautiques (926 km) des côtes américaines et son centre se trouve à la latitude d’Atlanta. Bouchons de bouteille, cartouches vides, morceaux de cagettes, filets et une myriade de minuscules fragments de plastique s’y trouvent jusqu’à 10 m de profondeur. Rejetés par les navires, mais surtout par les continents riverains, ces déchets s’accumulent à cet endroit sous l’effet de plusieurs facteurs, notamment des vents faibles et des courants qui tournent dans les sens de l’aiguille d’une montre (des « gyres ») et qui y piègent les détritus. « L’image du « continent » est excellente pour sensibiliser le grand public, mais ne rend pas bien compte de la réalité, explique M. Proskurowski océanographe à la SEA, principal auteur des recherches. Il s’agit d’une multitude de fragments, difficiles à voir de loin. Mais quand on puise dans l’eau, on remonte une quantité impressionnante de plastique. »

Une première décharge de ce type avait été découverte en 1997 dans le Pacifique, baptisée le « Great Eastern Pacific Garbage Patch » [la poubelle de l’est du Pacifique]. En plus de celles de l’Atlantique et du Pacifique, trois autres gyres sont susceptibles de contenir des quantités comparables de déchets : dans l’Atlantique et le Pacifique sud, et dans l’océan Indien.

Les principales victimes de cette pollution sont les animaux marins, qui sont piégés par les sacs et les filets ou avalent des fragments qui obstruent leur système digestif. Les polluants s’accumulent dans leur organisme et finissent par se transmettre à l’être humain via la chaîne alimentaire. Le plastique est très résistant, aucun micro-organisme n’est capable de le dégrader complètement. Dans la mesure où il est également impossible de nettoyer l’océan, la seule solution consiste à ne plus jeter les ordures dans l’environnement et d’utiliser des matières biodégradables. (Lire l’article ici, et ici en anglais avec diaporama.)

Portrait of children. Colombia - Photo : Curt Carnemark / World Bank

Portrait of children. Colombia - Photo : Curt Carnemark / World Bank

Vers une humanité infertile ?

Au cours des 50 dernières années, la fertilité des hommes de pays industrialisés a baissé de moitié. Les causes de ce phénomène sont complexes. Alcool, tabac, pesticides, mais aussi tous les autres polluants dans notre environnement risquent d’être en cause, sans que l’on puisse le déterminer avec certitude.

Selon Jean-Marie Bergeron, professeur en écologie et environnement, « nous laissons beaucoup de produits chimiques entrer en contact avec notre organisme. Nous réchauffons nos repas dans des plats de plastique ou recouverts de cellophane, ce qui fait pénétrer les cancérogènes phtalates et bisphénol-A dans notre corps. Nous cuisinons beaucoup avec les poêles antiadhésives qui dégagent le PFOA, l’acide perfluorooctanoïque qui persiste 10 ans dans nos tissus corporels. Les moquettes antitache et les vêtements imperméabilisés en contiennent également. Nous entrons dans nos maisons des ordis, télés, systèmes de sons, rideaux de douche, meubles et vêtements imprégnés de retardateurs d’incendie bromés, qui agissent sur nous comme de vrais poisons à long terme. »

En Europe, le règlement REACH datant de 2007 doit mieux protéger les populations contre de nouveaux produits chimiques et surtout contre 320 substances susceptibles de perturber le système endocrinien humain. Il est reconnu que la présence de perturbateurs endocriniens dans leur environnement est la cause des malformations génétiques chez les espèces d’amphibiens partout dans le monde. « Des populations de poissons se féminisent dans les rivières et estuaires pollués aux pesticides. Des gastéropodes (mollusques) développent des organes mâles par-dessus les organes femelles existants (imposex) dans les eaux contenant des restes de peinture à bateaux.» Selon le professeur Bergeron, il est peu probable que les millions de tonnes de produits chimiques déversés dans l’environnement ne nous atteignent pas un jour. (Lire l’article ici)

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