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Consumérisme, biodiversité, fonte de la banquise et mesures pour les abeilles

Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée au consumérisme qui est incompatible avec l’avenir de la planète, à la définition de la biodiversité incluant l’homme, aux prévisions d’augmentation du niveau de la mer, à la réponse des plantes aux réchauffement climatique et aux mesures de sauvegarde des abeilles en France.

Man and water buffalo in rice fields - Photo : Edwin Huffman/World Bank

Man and water buffalo in rice fields - Photo : Edwin Huffman/World Bank

« La biodiversité est plus qu’un catalogue d’espèces »

Dans un entretien avec Futura-Sciences, Robert Barbault, spécialiste de la biodiversité auprès du Muséum national d’Histoire naturelle et président du Comité Français du Programme Man and Biosphere de l’Unesco, apporte un éclairage utile sur la notion de biodiversité, mise à l’honneur cette année par l’ONU.

La biodiversité est avant tout le tissu vivant de ce phénomène qu’on appelle la vie. Robert Barbault souligne que l’image du « catalogue d’espèces » empêche de voir la notion dans sa globalité : la biodiversité comprend l’ensemble des interactions des espèces et des écosystèmes avec l’environnement, mais aussi avec l’homme. L’homme et ce qui a fait sa civilisation, à savoir l’agriculture avec toutes ses variétés de plantes cultivées et d’animaux élevés, sont partie intégrante de la biodiversité. « La biodiversité, c’est le passage du concept de l’homme et la nature à celui de l’homme dans la nature (…). » Chaque niveau de la diversité (génétique, population, écosystème…) doit alors être vu comme un maillon dont l’affaiblissement ou la disparition peut avoir des conséquences sur la multitude de liens qui lui sont attachés. C’est l’image du pull dont une maille saute: « Cela peut ne pas sembler gênant, mais quand le pull commence à s’effilocher intégralement, on se rend compte de l’importance de ces mailles. » Cette approche systémique commence à progresser lentement, notamment à travers le rapport du Millennium Ecosystem Assessment (Évaluation des écosystèmes pour le millénaire) et la notion de service écologique. On reconnaît alors les services rendus par la biodiversité tels que l’épuration des eaux, la décomposition des déchets ou encore la pollinisation des cultures.

En raison du très grand nombre d’espèces connus (1,7 millions) et inconnues (probablement plus d’une dizaine de millions supplémentaire), la mesure de la biodiversité est difficile. Néanmoins, les espèces les plus menacées sont celles qui sont en concurrence, directe ou indirecte, avec l’homme pour l’espace et les ressources, des espèces de grande taille qui sont quasiment toutes connues. Il existe actuellement deux types d’approches pour suivre leur évolution, la liste rouge réalisée par l’UICN et qui met en avant les espèces menacés, et la liste dites des Oiseaux communs (Suivi Temporel des Oiseaux Communs), qui suit l’évolution des populations au global. Car bien que moins spectaculaire que la disparition totale d’une espèce, la chute dramatique des populations d’espèces communes est une catastrophe tant écologique qu’économique. L’exemple criant est celui la diminution des stocks de poissons ou des grands prédateurs, qui modifient un écosystème dans son ensemble et favorisent à l’inverse le développement excessif d’autres espèces (exemple des méduses). (Lire l’article ici)

Pop-Trash Mart: Thats Life - Photo : kozumel

Pop-Trash Mart: That's Life - Photo : kozumel

Climat : le consumérisme incompatible avec le salut de la planète

La lutte contre le réchauffement climatique passe par un renoncement au consumérisme et l’émergence de valeurs plus compatibles avec le développement durable. Voilà les conclusions d’un rapport publié par le Worldwatch Institute, un institut privé de recherche environnementale américain. Malgré un mouvement encourageant en faveur de la lutte contre le changement climatique, les changements technologiques et politiques ne suffiront pas à atteindre les objectifs de réduction des émissions de GES (gaz à effets de serre). En effet, pour produire suffisamment d’énergie propre au cours des 25 prochaines années pour remplacer ce qui provient des hydrocarbures et du charbon, le monde devrait fabriquer 200 mètres carrés de panneaux solaires photovoltaïques chaque seconde et 24 turbines d’éolienne de trois mégawatts toutes les heures sans interruption pendant cette période.

Selon le chercheur Erik Assadourian, « pour maintenir une économie durable, les sociétés humaines doivent modifier leurs valeurs culturelles afin que la pérennité de la croissance économique devienne la norme et qu’une consommation excessive soit tabou ». La consommation de biens et de services a augmenté de 28% en dix ans, ce qui a entraîné une explosion de l’extraction de matières premières et de la consommation d’énergie. Le rapport souligne que « si tous les habitants de la planète consommaient comme l’Américain moyen, à savoir 88 kilos de marchandises et d’équivalents en énergie quotidiennement, la planète ne pourrait satisfaire les besoins que de 1,4 milliard de personnes, le cinquième de la population actuelle. » Selon l’institut, les 500 millions de personnes les plus riches dans le monde (environ 7% de la population) sont responsables de 50% des émissions de dioxyde de carbone (CO2), contre 6% pour les trois milliards les plus pauvres.

Pour le président du Worldwatch Institute, « alors que le monde s’efforce d’émerger de la récession la plus grave depuis la Grande Dépression des années 30 nous avons une occasion sans précédent de tourner le dos au consumérisme. L’instinct humain de survie doit l’emporter sur l’envie de consommer à n’importe quel prix. » (Lire l’article ici)

Fracture - Photo : dave_apple

Fracture - Photo : dave_apple

Quelle va être l’augmentation du niveau de la mer ? Préparons-nous pour 2 mètres.

Tout en soulignant le caractère sérieux et équilibré des rapports du GIEC, les scientifiques de cet article, Orrin H. Pilkey and Rob Young, auteurs de « The Rising Sea », pointent ses principales faiblesses, l’évaluation de la hausse du niveau de la mer. En effet, le GIEC n’a pas inclu la fonte des glaces du Groenland et de l’Antarctique occidentale dans ses modélisations, estimant les mécanismes trop incertains pour être calculés. La prédiction du GIEC, d’une augmentation du niveau de la mer de 0,60m (2 pieds), n’inclut donc que les effets de l’expansion thermique de l’eau des océans et la fonte des glaciers hors des régions polaires. Or, la fonte de la banquise des pôles risque de devenir le principal facteur d’augmentation du niveau de la mer et la prévision de 2,13m (7 pieds) n’est non seulement possible mais hautement probable.

Les conséquences de la hausse du niveau de la mer seront majeures : l’agriculture sera bouleversée, les ressources en eau potable rendues impropre à la consommation par l’eau salée, les tempêtes et les inondations gagneront les terres intérieures et des millions de réfugiés climatiques devront quitter leurs habitats. Des gouvernements, notamment ceux des pays en voie de développement, risquent d’être renversés, créant de l’instabilité politique. L’infrastructure des grandes villes côtières des pays développés sera touchée, laissant peu de moyens pour venir en aide aux citoyens des pays pauvres ou même des autres régions côtières de leur propres pays. Les deltas des grands fleuves, le Mékong, l’Irrawaddy, le Niger, le Gange et le Nil sont les plus vulnérables. Plus de 15 millions de personnes vivent à peine au-dessus du niveau de la mer au Bangladesh. Au Vietnam, une augmentation de 0,90m du niveau de la mer éliminera la moitié de la production de riz du pays. Le delta du Mississippi et la ville de Miami seront tout aussi affectés. Le précédent Secrétaire à l’Intérieur américain, Bruce Babbitt, considère que c’est un fait inéluctable que la Louisiane soit sous l’eau du vivant de notre génération et reproche aux responsables de ne pas prendre des mesures préparant la migration.

Malgré ces prévisions terribles, les auteurs affirment que des catastrophes humanitaires et économiques peuvent être évitées aux USA à travers une planification lucide et raisonnée. Cela inclut dès à présent une politique de retrait progressif des régions côtières vulnérables, le déplacement vers des terres intérieures des infrastructures tels que les réseaux de canalisation et l’arrêt des subventions à la reconstruction sur la côte. En effet, aux USA, les ouragans seraient devenus de véritables « programmes de rénovation urbaine », donnant lieu à des reconstructions toujours plus importantes et chères. Désormais, cette politique fiscale, soutenue par une « mentalité d’ingénieurs » qui pense toujours pouvoir reconstruire et fixer, devra cesser en faveur de programmes prenant en compte les prévisions de hausse du niveau de la mer. L’approche politique devra être nationale et non locale, les gouvernements locaux n’ayant ni la volonté, ni à terme la capacité de prendre en charge ces bouleversements. (Lire l’article ici, en anglais)

Spring flood among the birch trees - Photo : me suz

Spring flood among the birch trees - Photo : me suz

Même les plantes n’apprécieront pas un monde plus chaud

Sécheresses, feux de forêts, diminution des ressources en eau potable et acidification des océans, la plupart des effets attendus du réchauffement climatique sont peu engageants. Néanmoins, jusqu’à présent l’on pensait que la végétation, quant à elle, pourrait en tirer bénéfice. Après tout, le CO2 est essentiel à la photosynthèse dont dépendent les plantes et un climat plus tempéré prolongera leur saison de croissance. Mais Chris Field, directeur de Global Ecology à la Carnegie Institution à l’université de  Stanford, rappelle que les interactions dans la nature sont nombreuses et puissantes et qu’il est hasardeux de faire des projections sur la base d’un seul facteur. De nombreuses études récentes montrent que la réponse des plantes au changement climatique sera plus complexe.

Ainsi, une étude finnoise montre que les pins et bouleaux du nord sont plus rabougris que leurs cousins du sud, parce que la saison de croissance est plus courte et qu’ils cessent leur croissance plus tôt pour éviter le gel. Néanmoins, si les conditions climatiques sont plus tempérées, ils ne vont pas modifier ces mécanismes du jour au lendemain. L’évolution prendra du temps, jusqu’à ce que des pousses ne disposant plus de ces gènes de dormance s’implanteront et domineront. Une autre étude de terrain a mis en évidence que certes, les plantes vont croître davantage si elles sont exposées à davantage de CO2, mais ce sera le cas pour toutes les plantes, y compris les mauvaises herbes qui se trouvent être les plus réceptives à l’augmentation du CO2. Par ailleurs, les plantes ne dépendent pas uniquement du CO2 pour leur croissance, mais aussi de l’eau et d’autres nutriments. On pourra donc avoir des plantes plus grandes, mais appauvris par exemple en azote, ce qui fait que les insectes devront en consommer davantage pour rester en vie. Le changement climatique aura aussi des effets différents selon les parties du globe. Si l’on pourra en profiter au Nord grâce aux saisons des cultures prolongées, sous les Tropiques, la croissance dépend des ressources en eau et sera victime de la sécheresse. « Dans de nombreuses parties du globe, on est déjà à la limite de la chaleur que les plantes supportent pour pousser », rappelle un autre scientifique de Stanford. Pour finir, les plantes peuvent migrer en fonction des climats pour s’adapter – en théorie. Mais leur rythme de migration n’est pas forcément en accord avec celui du changement climatique. Et la compréhension de ces mécanismes de migration reste parcellaire, basée uniquement sur l’étude d’écosystèmes préhistoriques et non sur un environnement moderne dominé par l’homme. (Lire l’article ici, en anglais)

Abeille - Photo : laurent KB

Abeille - Photo : laurent KB

Des fleurs vont être plantées le long des routes de France pour les abeilles

Des fleurs vont être plantées sur plus de 250 kilomètres d’accotements routiers pour venir en aide aux abeilles et leur offrir de nouvelles ressources pour leur alimentation. Depuis dix ans, les colonies d’abeilles enregistrent des pertes très importantes. Leur taux de mortalité, qui normalement ne doit pas dépasser 5%, peut atteindre dans certaines régions du monde 40%, voire 80% dans les cas extrêmes. Les causes en sont multiples et complexes, parmi lesquels des virus, des maladies, les pesticides et l’agriculture intensive.

L’initiative implique deux ministres, M. Bussereau, compétent pour les routes, et Mme Jouanno, pour l’Ecologie. « Plus de 35% de nos ressources alimentaires proviennent aujourd’hui des insectes pollinisateurs comme les abeilles. Les protéger c’est aussi assurer notre survie », indique Chantal Jouanno. Pour M. Bussereau, l’objectif est de « réduire les impacts environnementaux des infrastructures routières ».

Démarrant au printemps 2010, cette expérimentation sera menée dans six grandes régions correspondant aux directions interdépartementales des routes : nord, nord-ouest, sud-ouest, massif central et atlantique. La démarche sera évaluée pendant trois ans selon plusieurs critères (intensité du butinage, analyse du miel, composition des pollens) pour en mesurer l’efficacité. A terme, l’objectif est d’étendre le dispositif à l’ensemble du réseau routier national non concédé (environ 12 000 km). Le dispositif vient compléter celui des « jachères apicoles », qui consistent pour les agriculteurs à planter des fleurs sur les terrains en jachère au bénéfice des abeilles. (Lire l’article ici)

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