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Le Sacre du Non

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On entend un peu tout et n’importe quoi au sujet de cette fameuse question du CPE, et des manifestations protéiformes qui l’accompagnent. Comme toujours, incompréhension, interprétation tendancieuse et raidissement sont au rendez-vous.

À la question « qui veut la crise ? » (posée ici et là), la réponse est manifestement « une grande majorité des français ». À moins qu’il n’existe une majorité silencieuse, immobile, qui laisse faire et qui, comme toujours, est prête à subir…

Dans cette affaire, je pense que l’on peut être à la fois pour et contre l’emballement des manifestations.

Pour, d’abord, afin que soit respecté un des droits fondamentaux de l’être humain : la dignité ! Dignité humaine qui consiste à savoir pourquoi on est licencié, car être mis de côté, d’une façon ou d’une autre, est toujours dégradant, pas seulement au niveau du travail, d’ailleurs. Nous vivons dans une société du prêt-à-user, prêt-à-jeter, sans état d’âme ! Il en résulte des rapports humains calamiteux, dans tous les secteurs de la société et de la vie, allant du travailleur, à l’amant, à la famille, aux « amis »! C’est devenu un véritable mode d’être, dans lequel les plus jeunes excellent, d’ailleurs !

Il n’en demeure pas moins important, dans chaque situation conflictuelle, de considérer avec honnêteté les arguments d’en face, et d’accepter notre responsabilité personnelle. En cas d’injustice, nous devons nous battre pour la dénoncer. Et si notre conduite est en cause, ou notre attitude (pouvant mener à un licenciement), nous devons le prendre en considération et changer notre comportement. Voilà pour le pour !

S’agissant du contre, je suis en effet contre cette névrose obsessionnelle qui consiste à dire NON à toute proposition, à se désigner un « ennemi » qu’on puisse mépriser en toute bonne conscience (et s’en glorifier, même !), à vouloir l’humilier, le traquer dans une chasse à courre cruelle, sectaire, idéologique, égoïste, où seule compte la mise à mort, où le mot ordre est « tuez-le, et après on parlera » ! Ou plutôt, tuez-le, et après on se partagera les lambeaux ! (À l’avantage de qui ? De l’emploi et des jeunes ? On peut en douter…)

Aller encore et toujours, systématiquement, vers cela seul qui nous divise, c’est un comportement prédateur, sectaire, fondamentaliste !

Il serait bon de ne pas confondre conciliation et déshonneur.

In medio stat virtus*

tatihannah f.

* Le bien est dans le juste milieu

Source photo : http://www.boutell.com/grantpix/

9 commentaires

Sur les forums des HA, j’ai trouvé un lien vers un dossier intéressant de l’Express, dans lequel on trouve notamment ceci:

«Il y a de la dignité blessée dans la réaction des jeunes», observe le sociologue du travail Jean-Pierre Le Goff. A propos des diplômés sous-employés, François Dubet parle même de «noblesse déchue». Les enfants nés dans les années 1980 ont été élevés dans l’idée que la jeunesse était le moteur de la société, du changement, de l’Histoire. «Ils ont été encensés avec une démagogie extrême, soutient Le Goff. On les a traités comme des citoyens à part entière bien avant leurs 18 ans. C’étaient les rois.» On leur a demandé d’être créatifs, autonomes, responsables, bref d’être les «auteurs d’eux-mêmes», comme dit Paul Yonnet. De quoi fabriquer des fils et des filles aimants pour les baby-boomers. Mais aussi – c’est le phénomène Tanguy – dépendants pour un bon bout de temps. »

Ou encore ceci : « Les enfants du désir, si choyés, si aimés, prennent le réel en pleine figure. C’est un choc auquel ils étaient peu préparés. […] Cette peur irrigue toute une jeunesse victimisée qui a le blues, quelles que soient les dissensions de ses membres. Ils étaient des héros. Ils tombent de haut. »

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Ces analyses me paraissent très justes, et tout autant alarmantes. Il y a une forme de naïveté incroyable chez ces « jeunes », dont on ne peut bien entendu pas les tenir pour responsables, puisqu’ils sortent à peine du fantasme angélique et destructeur de leurs parents.

Dans toutes les discussions et les revendications qui se font jour autour du CPE, on note une forte captivation par une réalité imaginaire, un hypnotisme quasi religieux, dans le sens le plus primitif du terme, mélangeant la terreur d’une part et la fascination pour une construction mentale (une représentation idéalisée du monde) aussi illusoire que romantique d’autre part.

Or la rédemption de la situation présente ne saurait résider dans la consolidation forcenée (voire violente ! ) du fantasme fondateur, qui, fort heureusement en somme, prend l’eau de toute part. On ne peut pas imposer à la réalité un fantasme, ou du moins pas longtemps, et pas sans provoquer de terribles convulsions, notamment chez les plus fragiles (socialement et intellectuellement) et les moins « nantis » (comme on dit).

Comme l’analysent les sociologues, aujourd’hui les jeunes tombent de haut. Et ce qui est plus terrible encore, c’est de voir leurs parents commettre à leurs dépens la même erreur une seconde fois, appuyant dans le sens du maintien du fantasme (qui est en vérité le leur) plutôt que dans l’accompagnement vers la sortie du rêve et l’affrontement de la réalité. Car ce sont bien ces parents (à titre privé comme à titre collectif, par leurs activités dans la société) qui sont responsables pour l’essentiel de l’impréparation à ce monde de la nouvelle génération, ou à l’inverse de l’impréparation du monde aux modes de pensée et de comportement qu’il lui ont inculqués. Las de chanter des berceuses à leurs enfants (trop fatiguant, trop contraignant, trop traditionnel…), ils ont laissé la société leur en chanter. Aujourd’hui, le réveil est brutal. Car tout en répandant le mythe d’un hédonisme individualiste triomphant, ils n’ont pas rendu la société moins violente et moins destructrice, au contraire !

Aujourd’hui, le déni de réalité orchestré par la génération précédente laisse la jeunesse totalement désemparée devant un monde qui s’est par ailleurs considérablement durci. Et l’on peut s’indigner de voir à nouveau cette génération installée, médias en tête, renoncer aux débats de fond et encourager une approche formelle des problèmes actuels (dénonciation des méthodes, exacerbation des rapports de force émotionnels, etc.) plutôt qu’une recherche de voies alternatives concertées.

On a presque le sentiment que ce sont finalement les jeunes, ici, qui seraient spontanément les plus disposés à regarder la réalité en face. Bien obligés : ils y sont immergés corps et âme et la subissent de plein fouet, eux !

Mais la spontanéité ne règne jamais longtemps, hélas !, sur la scène politique et sociale française, où le moindre mouvement d’opinion est guetté par des prédateurs à l’affût trop heureux de trouver enfin du grain à moudre. Quitte à en dénaturer l’esprit et en compromettre l’issue…

Merci tatihannah pour ce point de vue clairvoyant et qui permet je trouve, de remettre la situation la « tête à l’endroit », selon une perspective équilibrée et plus respectueuse des uns et des autres. Le mot « honnêteté » fait tilt, tout autant du patron envers l’employé que l’inverse. Foin des caricatures !

Vu que nous sommes dans une situation inédite, que l’on va vivre jusqu’à 100 ans et que ça mondialise à grande vitesse, avec des robots à tous les étages, nous avons en effet et d’un point de vue très égoïste, à imaginer vite fait une nouvelle organisation du travail, une nouvelle culture du travail (1) basées sur une vraie éthique de la coopération. Le droit du travail est vieux de deux siècles et nous avec ! Il faut que l’on se réveille et que l’on cherche des solutions ensemble, toutes sauf idéologiques. 🙂 Existe-t-il un autre choix ?

Comme le dit Etienne, le CPE est quasiment un épi-phénomène, et il va bien falloir s’attacher au fond, c’est-à-dire affronter le réel des contraintes économiques, tout en maintenant la dignité de l’homme au centre du débat.

(1) Cf. le fructueux entretien dans “La Revue Intemporelle N°7“, Cyberspace ou le Jeu Vertigineux du Virtuel sur l’alternance travail/année sabbatique et une formation tout au long de sa vie, incluant découvertes et prise de risque.

C’est la crise de nerf ! Comme je l’écrivais dans le forum, tout cela est étouffant. Il y a une volonté de revivre le passé pour certains, de rejouer 68, pour d’autres une envie de s’en arracher : amour/haine. Il y a un manque de réalisme incroyable dans notre pays. Comme si renverser le gouvernement et pourquoi pas le Président de la République tout cela pourrait changer la situation, changer la France. C’est oublier complètement, que c’est parce que la gauche s’est effondrée, que son candidat n’a pas été présent au second tour. Une partie de la France est bloquée sur mai 68, et elle est aussi bloquée sur le 21 avril 2002 (cette même parti de l’électorat qui ne supporte pas d’avoir voté pour les petits partis et conduit à la défaite de Jospin, comme s’il devait obligatoirement gagner d’ailleurs mais c’est aussi peut-être un fantasme). Il faut des têtes et une vengeance. Il faut faire oublier l’affront.

Honte qui continue aujourd’hui puisque la Gauche n’a pas de programme (c’est une catastrophe, de ne pas avoir d’opposition réelle, ni de propositions concrétes, moi je n’attends que ça du changement, des solutions ! Pas qu’on nourrisse ma peur). Alors certains veulent récupérer ce qu’on leur a volé (pensent-ils). Ils veulent la présidence de la République. C’est une folie ! Si tout se précipitait, nous aurions une montée de la droite dure, voire du FN qui profite silencieusement de ce chaos.

Nous vivons un tournant… là nous sommes confrontés à plein de choses, à nos propres reflets, fantasmes, manipulations, à notre passé (enfin celui de nos parents), et surtout à un présent bien réel qui n’a rien de fantasmatique ! Je pense que c’est aussi aux jeunes de ne pas tomber là dedans. Enfin, moi j’essaye, on peut etre pas bien vieux et ne pas être forcément idiot et manipulable… Car après tout qui nous écoute? Je n’oublie pas que le Pen fait de bons scores chez les jeunes (résultat 2002) cela devrait faire plus que de nous interpeller. Il y a comme un abandon (mais je ne suis pas psy).

Mon sentiment c’est que nous sommes à une limite, plus personne à droite comme à gauche ne contrôle ce qui se passe. Tout ceci est très instable, cela peut permettre de passer le cap, comme cela peut etre le terreau de violence. Oui cherchons l’équilibre pas le chaos.

Bonjour,
dans une veine humaniste je vous invite à découvrir une video, dont je ne doute pas qu’elle sera postée dans peu de temps sur votre blog : c’est l’appel à la résistance lancé aux jeunes générations par treize résistants (moyenne d’âge 80 ans).
Un appel furieusement actuel.
Ils disent notamment : « Créer c’est résister, résister c’est créer ». Allez plutôt voir, sur mon blog puis sur Dailymotion.

« Le bien est dans le juste milieu »
Et voilà la parole d’évangile ! Pourquoi le bien serait au milieu et quel milieu quand on sait que le jeu politique se décale de plus en plus sur sa droite ? Y a t-il une formule mathématique correspondant à la démocratie, une sorte de moyenne qui conduise irrémédiablement vers un avenir radieux ? Ce n’est pas parce que l’on ose dire « non » qu’on est anarchiste ou doux rêveur.
Je lis dans les commentaires ce qui apparaît dans nos journaux : « il faut se réveiller », « soyons réalistes »… Justement, la jeunesse est réaliste et contrairement à ce que vous pouvez croire personne ne désir rejouer un mai 68. Ce que la jeunesse demande ce n’est pas une société amicale, où tout le monde se tiendrait la main. Ce soulèvement est strictement matérialiste et de fait, le non au CPE n’est pas un simple acte contestataire. Comment trouver un appartement sans contrat stable ? Un prêt à la banque ? Peut-on avoir de réels projets d’avenir ? Une kyrielle de questions qui ne tendent pas vers une douce nostalgie perdue. Les jeunes sont beaucoup plus au courant que vous voulez bien le croire.
Maintenant, plus de flexibilité pour s’adapter au marché, certes. Mais quid des millions de sans emplois ou de pauvres qui ne cesseront de fleurir ici ou là ? Une société dans laquelle les écarts de revenus ne cessent d’augmenter ne peut conduire qu’à des actes extrêmes de la part des wagons de queue, et il ne serait pas étonnant de voir dérailler le train.

Julien>> Et pourquoi le bien ne serait-il pas dans le juste milieu ? Vous n’aimez pas le Tao 😉
Vous dites que la jeunesse est réaliste, très bien, et elle propose quoi ? Dérailler le train? Il y a des milliards de pauvres dans le monde et jusqu’ici, ce ne sont pas eux qui parviennent à faire évoluer la situation dont ils sont victimes. Il n’y a pas de train à faire dérailler, il y a un modèle de société à faire évoluer. Il faut partager les richesses, mais il faut aussi des gens qui génèrent ces richesses… Peut-être est-ce un point de vue trop équilibré pour vous ? La société française est très ouverte sur le partage, mais à en croire certains, on serait les pires égoïstes, je pense pas que cela n’est pas vrai. Je pense qu’on n’arrive à rien avec les boucs émissaires. Que ceux qui veulent changer les choses fassent des propositions concrétes, on ne demande que ça…

Bonjour Julien,
vous dites : « Les jeunes sont beaucoup plus au courant que vous voulez bien le croire ». Outre la pointe d’orgueil blessé qu’on décèle dans cette phrase, votre commentaire met le doigt sur des problèmes très justes, mais dont vous admettrez qu’ils n’ont rien à voir avec le CPE. Comment faire pour trouver un logement sans emploi stable ? Difficile, en effet, voire impossible, dans certains cas. Mais sans emploit du tout non plus, n’est-ce pas ? Vous parlez d’obtenir un prêt bancaire, et de faire des projets d’avenir. Bien sûr. Mais avec ou sans CPE, qu’est-ce que ça change ? Il y a des dispositifs envisageables pour ce genre de problèmes, mais ce n’est pas le volet emploi qui est concerné ici. Par exemple, j’ai entendu récemment Jacques Attali parler de la création d’organismes locaux ou nationaux (structures pouvant même relever directement de l’état) pouvant se porter garant pour des personnes dont la situation n’offre pas assez de garanti pour un propriétaire ou une banque. Par ces cautions collectives, il y a sans doute moyen d’absorber les aléa individuels, et je trouve ça très bien ! Rien à voir avec la nature spécifique d’un type d’emploi particulier, mais potentiellement très efficace – peut-être même une avancée majeure ! Enfin, vous parlez des « millions de sans emplois ou de pauvres qui ne cesseront de fleurir ici ou là » : là encore, quel rapport avec le CPE ? Les sans emplois, par définition, n’ont ni CDI, ni CDD, ni CNE, ni quoi que ce soit ! C’est comme même là le fond du problème, non ?

Certes le cpe n’est pas le coeur du problème. Le fait est que -désolé d’avance pour ce truisme- la société a beaucoup évoluée ces 30 dernières années et les jeunes, très exposés, se sentent déboussolés. Le cpe a permis une remise en question plus global des enjeux actuels, au-delà même de l’emploi. Ce qui me pose problème c’est de voir que nous sommes tous coupables des maux qui rongent notre société. Je reprends approximativement une citation de Saint-Exupéry qui illustre bien l’état d’esprit des jeunes générations: « Etre homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi… » Je vous l’accorde, il y a sûrement une teinte d’humanisme dans nos préoccupations. En revanche, d’un point de vue plus cynique, que faire concrètement des laissés pour compte? Je crains personnellement une radicalisation des conflits de société dans ses formes les plus violentes. Ce que l’on nomme aujourd’hui terrorisme n’est à mon avis rien d’autre que le fruit de ce que nous avons semé. Un terroriste c’est un type qui n’a plus d’espoir, quelqu’un qui n’attend plus rien de son monde. C’est à cela que je fais allusion lorsque j’emploi l’image du train qui déraille. Le CPE n’en est pas directement la cause, évidemment, mais il permet de nous interroger sur le modèle vers lequel nous nous acheminons. Soyons clair, je ne renie pas la création de richesses, je ne cherche pas non plus une société égalitaire, ni ne dénonce la mondialisation. Je m’interroge sur les dérives d’un système par ailleurs efficace jusqu’à présent. Ne sommes-nous pas en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis ?
Hans Jonas dans un livre qui date de 1985 « Pour une éthique du futur » développe déjà une problématique de la responsabilité de l’homme envers son futur: à force d’épuiser les ressources de la nature, la technique en vient à travailler contre son propre objectif, le bien être. Je reprends à mon compte cette analyse pour étoffer encore plus une littérature fleurissante en ce qui concerne la chute d’un capitalisme sans règles : à force d’exacerber les inégalités, le système pourrait bien courir à sa propre perte. Ce n’est rien d’autre que du Marx pur sucre mais je dois bien avouer que j’ai du mal à trouver les arguments pour désarçonner cette thèse au goût d’autrefois.

es ce que la france me couvre pay de la loi de la liberte .
je m appele hafidh missoum benziane je vit en algerie j ai 29 ans ne le 03 06 1977 aboukadir w de chelif je veut vivre a la france jai niveau de scolarite 3 as treminal de secondaire
aide moi pour je fait mon reve de real
mon adresse postal c chez ben hamda mokhtar commercant a boukadir w de chelif algerie merci bcp pour minteresse

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