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Ecce homo barbaricus

Les barbares sont « cruels, durs, féroces, impitoyables, inhumains, sauvages ». Les cris de détresse ne les émeuvent pas, exceptés ceux des « leurs », car leur cruauté est toujours pleinement justifiée à leur yeux par « les injustices subies ». Elle est ainsi forcément du côté du légitime, voire du « bien », et il ne leur paraît pas le moins du monde contradictoire que leur « bonté » ait pris la forme d’un droit de tuer à tout moment et de perpétrer des assassinats ciblés et toutes sortes d’actes inhumains. Leur justice s’exerce toujours au détriment des autres, et c’est par ce droit de tuer qu’ils entendent en fait prouver qu’ils sont des êtres à part ! Les seuls qu’ils veulent bien reconnaître comme « les leurs » sont de pauvres gens, effectivement victimes d’injustices, mais qui ne comprennent probablement pas ce que ces barbares leur réclament et qui, en partie pour cela, se sont adaptés servilement à leur cause. Il en résulte une armée de suiveurs conditionnés, programmés pour tuer tout en se donnant la mort !

La technologie moderne leur permet de préparer et de coordonner ces actes d’une barbarie étonnamment sophistiquée, et nous permet aussi de voir tout cela en direct. Pourtant, par indifférence ou par lâcheté, nous fermons le plus souvent les yeux et refusons de nous demander quel prix nous sommes en train de payer pour préserver notre « confort personnel », notre pré carré « civilisé ».

Cette vérité est pourtant bien réelle, vécue, là, sous nous yeux, contrairement à ce que continuent d’affirmer (ou d’espérer !) ceux qui, fixant avec insistance le doigt qui montre la Lune, finissent par oublier que c’est bien elle, matérielle et concrète, qui produit les marées qui les atteignent de plus en plus souvent. Le simple bon sens est suffisant pour comprendre que cette barbarie nous a rejoint depuis bien longtemps déjà. Il doit y avoir une limite à la justification, sinon l’inacceptable finira par être accepté. Aucun discours psychosociologique, quelle qu’en soit la pertinence par ailleurs, n’annulera ce simple fait. Nous sommes revenus au temps des Barbares, et nous nous devons d’urgence nous poser la question, individuellement et collectivement, de notre responsabilité vis-à-vis de cela !

L’hypocrisie, la surdité et l’aveuglement feints, nous ont amenés là où nous sommes. Inutile de se voiler la face. Notre humanité démocratique est en danger de mort ! Notre civilisation de liberté, de droits et de respect mutuel est durement menacée. Nous pouvons laisser faire, choisir d’oublier jusqu’à notre identité humaine, détourner nos yeux de la maison qui brûle et brûler avec. Nous pouvons même nous joindre au courant et revendiquer notre part de la destruction des valeurs, considérer que nous ne devons rien à la société, et qu’au contraire elle nous doit tout… Mais nous pouvons aussi décider que ce que nous avons construits tous ensemble depuis des millénaires vaut infiniment la peine d’être préservé, amélioré, transmis… Nous sommes libres de choisir, et le moment est venu de bien signifier quels sont nos buts intimes et par conséquent d’où nous parlons…

Humainement,
tatiana f.

Photo : © microbophile

1 commentaire

Cet entretien de Boris Cyrulnik : «Un antisémitisme inculpabilisable» est un bon complément de ton texte. Tout ce qu’il dit me semble plus que juste : « Si on laisse prospérer dans nos sociétés des communautés fermées et autarciques, on récoltera l’antisémitisme et, de fil en aiguille, la guerre de tous contre tous, qui faisait rage dans les cités-Etats mésopotamiennes ou médiévales. Si on ne s’occupe pas des groupuscules qui pratiquent l’ultraviolence, on risque de nourrir de futures déflagrations mondiales. D’où l’urgence d’écouter partout les esprits modérés, et de les soutenir. « 

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