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Sayed Idries Shah, maître, jardinier et Ami !

Idries Shah
Sayed Idries Shah, maître Soufi d’origine afghane
Simla, Inde, 1924 – Londres, 1996

Si l’on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer qu’en répondant : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. » Et cet Amour se conjugue au présent.

Tout à fait par « hasard », je suis tombée sur un entretien d’Eric Geoffroy, islamologue à l’Université de Strasbourg, paru dans Libération (daté du mardi 22 juin 2004). Il a pour titre « Le soufisme dans le secret de Dieu« , et fait référence à l’Ami Idries Shah en des termes que je ne peux que récuser avec force. L’utilisation qui est ainsi faite du soufisme, dont se réclame explicitement l’auteur, ne m’a pas vraiment surprise. Depuis plusieurs années déjà, je constate que les religieux de l’Islam ont tendance à mettre en avant le soufisme, qui jouit d’une bonne image auprès des Occidentaux – jusqu’en notre bonne vieille France laïque ! -, pour mieux faire passer leur message… religieux, justement. C’est ainsi qu’Eric Geoffroy affirme hardiment, critiquant les supposées distances prises par certains maîtres soufis vis-à-vis de l’Islam, qu' »on ne peut pas suivre une voix spirituelle sans prendre appui sur une tradition religieuse orthodoxe ». Or s’il est vrai que le soufisme est « porteur d’un message d’ouverture et d’amour », il n’implique pas nécessairement le religieux, du moins pas au sens habituel que l’on donne à ce terme. Car le soufisme est vaste, et on doit le comprendre comme impliquant l’ensemble des Soufis. Aussi est-il aberrant d’exclure un de ses plus authentiques représentants, à savoir Idries Shah, au prétexte qu’il ferait du soufisme « une sorte de sagesse universelle, supra-confessionnelle, aseptisée, hors de toute tradition religieuse, un énième produit de consommation pour Occidentaux ». Il est frappant de noter que les deux premiers termes énoncés – la sagesse universelle et son caractère supra-confessionnel – sont effectivement une caractéristique majeure de l’enseignement d’Idries Shah et largement responsables, en effet, de son influence sur l’élite intellectuelle occidentale. Et l’on voit mal ce qu’il y aurait à redire à cela. Mais puisque justement, ce « supra-confessionnalisme » gêne les religieux de tous bords, en islam comme ailleurs, on s’empresse d’y accoler des qualificatifs péjoratifs : « aseptisé », « produit de consommation », etc. Seulement, il faudrait pouvoir en faire la preuve. Or quiconque a réellement lu Idries Shah ne peut ignorer que son approche est tout sauf superficielle et qu’elle ne fait pas la moindre concession à l’esprit du temps, effectivement aseptisé et mercantile.

J’ai eu la chance inouïe de connaître Idries Shah. Son livre, « The Sufi », paru en 1964 (et en 1972 en français) m’a totalement ouverte à la recherche d’une connaissance sans parti-pris social, ethnique, scientifique ou religieux ! J’étais, comme tant d’autres, dans l’incapacité d’accepter, et encore moins de suivre une religion dogmatique et sectaire. Je cherchais un chemin de connaissance, mais pas une voie religieuse ! Idries Shah m’a donné accès à cela et bien davantage…

L’objectif essentiel des Soufis, selon Idries Shah, est, fut et sera le développement et la transformation de l’Homme. Il n’a jamais été de convertir qui que ce soit à une croyance quelconque, mais de lui proposer de chercher la Vérité, la Connaissance qui seule peut nous délivrer de notre ignorance, de notre obscurantisme barbare, qui nous conduit toujours vers ce qui nous divise et nous détruit, au détriment de ce qui nous humanise et donc nous unit !

Pourquoi le dire aujourd’hui, plutôt qu’hier ou demain ? Je n’en sais rien… Le fait est que c’est aujourd’hui qu’il m’a paru propice de parler, de témoigner du soufisme selon Idries Shah, également connu sous le nom de Sayyid Idris al-Hashimi.

Pour lui, le soufisme n’est ni sectaire, ni intégriste, ni religieux. Cela n’empêche pas Idries Shah de prendre aussi appui sur une tradition religieuse orthodoxe – n’est-il pas descendant du Prophète ? -, mais tout en affirmant que le soufisme lui-même n’est pas une religion. D’ailleurs, rappelle-t-il, les soufis existèrent en tant que tels, et sous ce nom, avant l’Islam. Peu disposé à la propagande, le soufisme promis par Idries Shah est conçu comme une science, la science de l’Homme. Il dit : « Il y a eu des soufis en tout temps et en tous les pays. » Et c’est justement parce que ce soufisme est une science universelle et supra-confessionnelle, qu’il lui est possible d’intégrer toute religion, et au-delà ! Le soufisme, selon Idries Shah, est « au-delà de l’athéisme et de la foi ». Ou comme le disent encore si joliment certains soufis afghans, le soufisme est comme les abeilles qui butinent toute fleur pour faire leur miel…

C’est aussi pour cela que, loin de constituer « un énième produit de consommation pour Occidentaux », ce soufisme-là peut être un antidote efficace aussi bien contre l’islamisme intégriste radical que contre cet « athéisme de combat » qui, comme le concède un agnostique convaincu sur son blog, « s’affirme aujourd’hui progressivement comme une nouvelle religion en guerre contre les autres religions, au nom de la laïcité. »

Le soufisme, dit Idries Shah, n’est pas une religion dans le sens communément employé : « Le problème que pose la religion courante n’est pas de nature religieuse : ce qu’il s’agit d’analyser, c’est le phénomène de coercition, d’ordre social qui recouvre le phénomène religieux. » C’est pourquoi, « sous des noms différents, sous des aspects divers, le soufisme à précédé l’Islam de plusieurs milliers d’années ».

Les livres d’Idries Shah – son enseignement – offrent une structure, une matrice à partir de laquelle peut s’organiser une pensée différente, plus flexible, plus ouverte. Il élimine de l’héritage soufi ce qui a été destiné à des temps révolus et se trouve maintenant superflu, inutile : une nourriture destinée à nos ancêtre, dit-il. Réutilisant ce qui est encore valide, il conçoit un matériel neuf. Le soufisme, selon lui, a pour fonction d’aider le développement de l’humanité, d’âge en âge, et selon les possibilités qu’offre chaque époque. Il enseigne que la source de la Connaissance est unique et que s’il peut y avoir des désaccords apparents au niveau des manifestations, au niveau de l’essence, en revanche, le désaccord est impossible ! Le message soufi est simplement adapté « au moment, au lieu et aux gens ». Les livres d’Idries Shah, adressés aux occidentaux, s’apparentent donc plutôt à des ouvrages d’anthropologie et de psychologie qu’à des écrits mystiques. À cet égard, il est amusant, mais probablement très significatif, de noter que, toujours selon Idries Shah, les soufis n’appellent généralement pas leur pratique « le soufisme ». Ils l’appellent science, art, connaissance, Voie, et même, si l’on remonte au Xème siècle, ils s’y réfèrent par un mot à rallonge, nafsaniyyatalinsaniyyat, qu’on peut probablement traduire par psycho-anthropologie.

Compte tenu de tout ceci, les raisons qui conduisent Eric Geoffroy (et tant d’autres, avec ou avant lui) à tenter de discréditer Idries Shah et son enseignement ne sont que trop évidentes. Qu’il s’élève contre son universalisme et la liberté révolutionnaire de sa pensée ne fait que témoigner d’une opposition historique entre un certain islam et un certain soufisme. Sur ce plan, il n’y a rien de nouveau, et nous pouvons aisément prendre acte des positions des uns et des autres. Mais que la pensée d’Idries Shah soit ainsi apparentée à un « produit de consommation aseptisé » n’est pas simplement ridicule : c’est aussi parfaitement inadmissible sur le plan humain, et contraire à l’évidence, à l’éthique et à la Vérité ! Contre cela, donc, je ne pouvais que m’insurger. Et témoigner…

C’est donc ici que je m’arrête. Ceux qui se sentent intéressés par cette histoire et ses enjeux pourront se procurer le livre d’Idries Shah « les soufis et l’ésotérisme », qui justement, par un heureux hasard, a été récemment réédité. Ils pourront ainsi par eux mêmes tirer leurs conclusions…

Et comme, toujours selon Idries Shah, l’humour est le propre de l’âme, puisque c’est un miroir dans lequel on peut se percevoir soi-même, je finirai par une histoire du cher Mulla Nasrudin.

Jusqu’où peut-on s’éloigner de la vérité ?

Nasrudin aperçoit d’appétissants canards qui s’ébattent dans une mare. Ils s’envolent dès qu’il tente de les attraper.
Alors il sort un morceau de pain, le trempe dans la mare et le porte à ses lèvres.
« Que fais-tu donc ? demande quelqu’un.
— Je m’offre une soupe aux canards. »

Humainement,
tatihannah f-salomon

Sources:

– Les soufis et l’ésotérisme, par Idries Shah (Payot, Petite Bibliothèque, 2004)
– Les Plaisanteries de l’incroyable Mulla Nasrudin, par Idries Shah (Le Courrier du Livre, 2005).
– Idries Shah sur wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Idries_Shah
http://www.octagonpress.com/authors/idriesshah.htm
http://www.humains-associes.fr/No8/HA.No8.Habitants.html

NB: Eric Geoffroy est islamologue à l’université de Strasbourg. Converti à l’islam, il est lui-même soufi. Il siège au Conseil français du culte musulman en tant que personnalité qualifiée. (Source de l’interview parue dans Libération, daté du mardi 22 juin 2004 : http://www.minorites.org/article.php?IDA=2319)

17 commentaires

Bonjour à tous
Pour ma part quand je pense au soufisme ou à toute philosophie mystique (j’aurais aimé dire methodosophie)
Je me les imagine comme des logiciels configurés ds de différentes langues (cultures ?)
et je crois que le monsieur en question a vu une configuration et il s’est peut être dit que tout ce qui n est pas configuré comme le mien et ceux que je reconnais comme vrais est douteux!
Mais je trouve sa réaction très bien car les idées d avant-garde sont rarement reconnu par l establishment encore plus rare si ce dernier est religieux//

À méditer

L’histoire de l’humanité sur Terre nous a appris que c’est toujours un petit nombre – à son propre détriment d’ailleurs – qui met en doute le schéma mental établi comme dogme absolu, qui ose proposer ce que d’autres – par ignorance et par peurs de toutes sortes, peur du ridicule et de l’exclusion entre autres – n’oseront jamais.
In Entre l’envol et la chute (vers une fédération planétaire)

ngatamaare, peut-être que le soufisme n’est justement pas tout à fait semblable « à toute philosophe mystique », comme le dit tatihannah.
Voir l’allégorie du vin, in « Les Soufis et l’ésotérisme » p. 231. 😉

« La graine du Soufisme
fut semée au temps d’Adam
germa au temps de Noé
bourgeonna au temps d’Abraham
commença à se développer au temps de Moïse
parvint à sa maturité au temps de Jésus
produisit le vin pur eu temps de Mohammed. »

Ha ha ha oui Sacha tu as peut être raison car mon initiation au soufisme
N a pas dépassé le premier degré
J ai croisé entre temps ramana maharshi, eno et maître Eckart
Et de toutes ces rencontres j ai eu comme l impression que la source est une (je dirais pour le Web un seul logiciel
Mais ma compréhension est en permanente construction
Donc qui sait peut être demain je changerai d avis
Mais je reste persuadé que ns sommes à l orée d une unification de compréhension une symbiose entre foi et raison ds un liberté optimale
Je rêve peut être et pourquoi pas ?

Faites cent noeuds à la corde, elle n’en reste moins unique.

RUMI

D’accord avec Sacha. D’ailleurs la rigueur de l’article de tatihannah en fait preuve: cette philosophe mystique-là, est, pour paraphraser Hyusmans, une « science exacte » (au sens propre)…

Ps : l’allégorie du vin est p. 331 dans la rédition Payot.

Idries Shah nous ramène, il me semble au bon sens.
Je le vois comme un batisseur d’âmes pour qui les fondations sans être la clé de voute n’en sont pas moins indispensables à sa pérénité.
Avant de parler de religion, de dieu, enfin de choses qui nous dépassent totalement, avons nous seulement fait un peu de ménage dans nos méninges emcombrées par tant d’inutile…
Reconnaître ou nous en sommes quand le masque tombe, seul, avec les larmes de la nuit et oser se voir tel que l’on est.
Reco-naissance 😉

— Nasrudin aperçoit d’appétissants canards qui s’ébattent dans une mare. Ils s’envolent dès qu’il tente de les attraper.
Alors il sort un morceau de pain, le trempe dans la mare et le porte à ses lèvres.
« Que fais-tu donc ? demande quelqu’un.
— Je m’offre une soupe aux canards. » —

C’est comme ça qu’on se tape la grippe aviaire…

http://users.skynet.be/bk379122/

Si je comprends bien, des fanatiques islamistes se glissent un peu partout et s’en prennent au soufisme. Dans l’histoire, ils ont toujours persécutés les soufis. C’est d’autant plus ironique donc, de voir que certains utilisent le soufisme pour proposer des conversions à l’Islam, alors que cela n’est pas obligatoire pour étudier ce chemin. Le Soufisme comme tu le dis Tatiana étant bien accepté en France.

Mais Massoud qui dénonçait de toutes ses forces la menace taliban a été tué par les taliban. Cela me suffit pour me faire une idée…

Je me permets de poster ici cet article (j’espère que cela ne contrevient pas à votre netiquette), car il est question de Inayat Khan considéré aussi comme un « usurpateur » dans l’article paru dans Libé.

Le Message Soufi

Bien-aimés de Dieu, je désire vous parler ce soir du Message Soufi et de son oeuvre dans le monde.

Tout d’abord, les gens se demandent si c’est une mission qui vient d’Orient. Je vous dirai qu’elle ne vient ni d’Orient, ni d’Occident : elle vient de Là Haut. C’est pour l’œuvre de Dieu et pour le service de l’humanité que les gens de l’Est et de l’Ouest, du Nord et du Sud se sont unis dans cette tâche sacrée. Le nom Soufi est aussi bien oriental qu’occidental ; il vient du mot grec Sophia ; en Perse on dit Sufia, ainsi le mot est aussi acceptable en Orient qu’en Occident.

Ce n’est pas le nom d’une certaine secte ou d’une certaine religion, mais bien le nom de l’essence de toutes les religions. Sans doute très souvent les gens confondent le mot sagesse avec le mot intelligence, mais en fait la sagesse est quelque chose qui jaillit du cœur de l’homme. La source de la sagesse est Dieu Lui-même, tandis que l’intellectualité est une connaissance acquise ici-bas, la connaissance des noms et des formes ; l’habileté de ce monde ne peut être comparée à la sagesse. Beaucoup de gens sont habiles, mais sont-ils sages? Leur sagesse dure quelques moments ou quelques jours et n’aboutit à rien. Tout succès acquis par l’habileté d’ici-bas est limité, et quand la limite est passée il prend fin. La vraie sagesse est la divine essence cachée profondément dans le cœur de l’homme ; quelques-uns la cherchent consciemment, d’autres inconsciemment. Sofia ou Soufisme est le nom de la véritable sagesse, qui jaillit comme une source divine du cœur de l’homme. Ceux qui, à travers les âges, ont réalisé cette source divine, qui est l’héritage de chaque âme, l’ont appelé Sophia ou Sagesse. On lui a également donné d’autres noms tels que Vedanta, Bible ou Écriture, mais la sagesse sous toutes ses formes et quelle que soit l’époque à laquelle elle a été donnée au monde, est en fait le Soufisme.

Le nom fut adopté, sans aucun doute, pour distinguer des institutions où des étudiants se consacraient à l’étude des métaphysiques et du culte intérieur, à la contemplation de Dieu et aux oeuvres de charité. Les gens qui appartenaient à ces institutions furent les premiers, à n’importe quel moment et dans n’importe quel pays où le Divin Messager vint, à sympathiser avec Lui et à Le comprendre. Leurs cœurs étaient assez grands pour recevoir le nouveau Message et ils furent les fermes soutiens de tous les Messagers. Si nous étudions les traditions des guerres de religion, nous trouvons que partout, et à chaque période, il y a eu toujours opposition au message qui fut donné aux hommes comme une inspiration, les hommes se battant entre eux en disant : « Notre Dieu est différent du vôtre; notre église est différente, le Messager pour qui vous avez de l’estime est différent. » Jamais, pour les Soufis, ces différences n’ont existé ; ils s’opposaient seulement et luttaient contre ce qui divisait l’humanité en tant de sectes et de croyances, contre les nations qui se battaient au lieu de s’harmoniser et de se comprendre à l’aide de la religion. Aucun prophète, aucun Messager n’a jamais porté le message au monde avec l’idée que ses partisans fussent exclusifs, qu’ils pussent regarder les partisans et les disciples des autres croyances avec haine et mépris ou qu’ils pussent dire que le leur était le seul vrai message. Combien de guerres et de batailles dans l’histoire du monde ont été causées par des différences religieuses ? Cependant cela n’était pas le désir de Dieu, ni le mobile des prophètes et de la religion; c’était l’abus de la religion causé par les autorités religieuses, en vue de leur propre pouvoir et pour exercer leur empire sur les pratiquants de cette foi.

Quand on remonte d’un bout à l’autre l’histoire des prophètes Hébreux, on trouve que le Soufisme existait au temps d’Abraham, qui répondait à l’appel de Dieu, et lorsque après son initiation il revint d’Égypte, ce furent les Soufis qui se rassemblèrent autour de lui et qui formèrent une association de sages. De même, les Soufis, furent les premiers, à la venue de Jésus et de Muhammad, a reconnaître le Divin Message, à faire bon accueil au Messager, à sympathiser avec lui et à le comprendre. La sympathie des Soufis fut grande, car ils savaient combien il était difficile pour un être humain plein de bonté de vivre dans ce monde si faux et ainsi ils réalisaient combien plus grande était la difficulté pour ceux qui portaient le Message de la Vérité. Après la mort du prophète Muhammad on trouve l’existence des Soufis, qui avaient leurs institutions dans toutes les parties civilisées de l’Orient – dans l’Inde, en Chine, en Perse, en Arabie et en Égypte. Autrement, comment les Hindous et les Musulmans auraient-ils pu vivre côte à côte avec leurs religions différentes, si ce n’avait été à cause de la lumière de la sagesse Soufi qui leur apprenait à se respecter mutuellement ? Partout en Orient où la paix existe parmi les pratiquants de croyances diverses, elle est due aux efforts des Soufis qui vivent dans la contemplation de la vérité et dans la réalisation de la source et du but de tous les êtres que nous appelons Dieu.

Lorsque nous considérons la condition du monde actuel, nous trouvons qu’elle n’est pas très différente de celle des temps passés ; la haine, les préjugés, l’amertume existent encore entre les races et les nations entre les partisans de croyances diverses. Tous les efforts faits vers des réformes sociales, commerciales ou politiques ont leur limite ; ils ont leur côté personnel, mais il ne peut pas y avoir des moyens plus grands que la réalisation de la vérité, dans laquelle tous les êtres humains peuvent s’unir. C’est cette idée qui a poussé ceux qui s’intéressent au service de Dieu et de l’humanité a former un noyau de fraternité composé de membres de différentes croyances et de différentes nations. Ils ont leur propre religion, leurs propres églises, leurs propres écritures, le Maître qu’ils estiment et à qui ils offrent leur dévotion. Le Message Soufi ne leur demande pas de changer leur religion, il les aide plutôt à mieux la comprendre. Il leur apprend que la religion ne doit pas être confinée dans une seule croyance, et que la tolérance, l’amour et la sympathie doivent être développés non seulement dans la religion, mais aussi dans les différents aspects de la vie.

C’est là le principal enseignement que le Message Soufi apporte au monde ; cela, et la réalisation de Dieu, non seulement par la croyance, mais aussi par la connaissance : la connaissance de Dieu qui est l’accomplissement de notre vie dans ce monde. La croyance seule ne donne pas aux âmes la pleine satisfaction qu’elles désirent vivement. Souvent de grands croyants en Dieu, après quelque contrariété ou quelque peine profonde, après quelque crise dans leur vie lorsqu’ils sentent qu’ils ont été laissés seuls, sans aucun égard, perdent leur foi ; par exemple combien de croyants ont perdu leur foi après une guerre parce que croire seulement en Dieu n’est pas suffisant. La connaissance de Dieu est nécessaire et ne peut être acquise par l’étude, mais uniquement par une certaine méthode appelée culte intérieur.

Ecrits de Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan

Alex,
Tu demandes si ce texte ne contrevient pas à la netiquette. Je ne pense pas : comment un message de Paix, d’Amour et de Fraternité pourrait-il déroger une quelconque étiquette ?
Et, je suis doublement contente et même reconnaissante que Hazrat Inayat Khan apparaisse ici. Car vois-tu, il y a très longtemps, de l’autre côté de l’océan, au beau milieu d’une tempête dictatoriale et d’une sombre nuit, il y avait une toute jeune fille qui s’était égarée dans une vision trop politico-révolutionnaire du monde, et qui a été sauvée de cette négation de l’autre justement grâce à Sayed Idries Shah et à Hazrat Inayat-Khan… Qu’une fois encore ils soient tous les deux ici remerciés !

Merci à tatihannah pour cette rectification indispensable. [Je parle du premier, tout là haut dans cette pages 😉 ]

J’ajouterai que si le terme « produit de consommation » n’était pas si péjorativement connoté, j’eusse à vrai dire souhaité que la philosophie d’Idries Shah fût bien plus largement consommée qu’elle ne l’est aujourd’hui, tant en Orient qu’en Occident. Quant au reproche fait par l’islamologue que vous citez, à savoir qu’Idries Shah ait adapté un message universel au monde occidental du XXe siècle, il me semble qu’on devrait plutôt le voir comme un compliment !

À quoi me servirait un message « inadapté » ? Je ne crois pas, en effet, que les mêmes mots puissent garder la même puissance évocatrice à travers les millénaires, tant simplement parce que les hommes évoluent, que leurs modes de pensée se transforment et que les situations qu’ils ont à affronter prennent des tours nouveaux. D’ailleurs, quel sens y aurait-il à ne vraiment pas adapter un message ? Figurez-vous que je ne parle ni l’hébreux, ni l’araméen, ni le sanscrit, ni l’arabe, ni le persan ! Devrais-je alors me considérer comme condamné à l’ignorance ?

Cet étrange professeur d’Université qui nous dit qu’ »on ne peut pas suivre une voix spirituelle sans prendre appui sur une tradition religieuse orthodoxe », comment considère-t-il nos philosophes métaphysiciens, tous les sages de l’antiquité, les gnostiques, les grands mystiques chrétiens, par exemple, sans parler des bouddhistes qui ne connaissent pas, je crois, la notion même d’orthodoxie ? Les considère-t-il tous comme des imposteurs ?

Mais le texte époustouflant (je trouve !) d’Inayat Khan répond très bien à toutes ces questions, et montre à quel point, au contraire, c’est le confinement exclusif à une orthodoxie spécifique et datée qui peut entraver la recherche, qu’elle soit spirituelle ou plus généralement philosophique.

Chère Tatiana,

Je suis ravie de découvrir (sur le site et sur votre blog) vous-même et d’autres personnes pour qui Idries Shah est un ami. Les livres d’Idries Shah ainsi que celles de son frère Omar Ali Shah étaient ( et sont toujours, au jour le jour) la plus belle découverte.

Tout cet enseignement de l’éveil, basé sur des livres des études de textes…
Eveil à quoi, sinon à des réalités préexistantes à tout texte?
Eveil, donc à ce dont le monde est intimement fait, modelé.
Tout ceci devrait être lisible directement dans les choses, le cours des existences, partout.
Pourquoi ce recours permanent au texte?
Alors que censément tout ceci s’origine en des époques elles aussi antérieures à l’écrit…

N’y a-t-il pas d’autres moyens? Ne peut-on pas trouver directement le fil qui relie tout ce qui nous paraît épars, circonstanciel, coïncidant comme par accident?
Ne peut-on pas concrétiser les intuitions qui sans relâche nous soufflent que tout dépend d’un ordre différent?
Quand on se sent tout près du seuil, comment faire le pas?
Des textes?
Encore des textes?
Ou bien?

Merci Tatihannah pour cette belle « mise au point ».
Les arguments de l’auteur de cette critique sont parfaitement illustrés dans le texte d’Idries Shah : ‘inclusion-exclusion’. Avant de ne plus voir midi à sa porte il y a beaucoup de travail.

A Orygen, c’est assez amusant car il est souvent demandé (pas seulement dans le travail soufi) de lire à ceux qui en ont assez de lire et de cesser de lire à ceux qui veulent absolument lire quelque chose de « vrai ». Mais les écrits soufis authentiques sont-ils vraiment des ‘livres’ ?

Euh…cette « mise au point » de Tatihannah semblait vraiment tomber à point nommé…Où donc puis-je la lire?
Je ne la vois nulle part ici…
Nuristhani: Pourrais-tu m’éclairer davantage sur le sens que tu donnes ici à l’expression « voir midi à sa porte »?

Merci à tous de me répondre.

Ya Shifa !
La « mise au point » est le texte de Tatiana, origine de ce fil.
Le « midi à sa porte » est le présupposé

Bien !!

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